Commandant de l’opération Resolute Support et des forces américaines sur le théâtre afghan, le général Nicholson, qui passera bientôt le flambeau au Lieutenant-General Miller, a présenté lors d’une téléconférence les premiers résultats de la nouvelle stratégie américaine pour l’Afghanistan. Présentée en août 2017, cette stratégie, marquée par l’abandon explicite du « nation-building », visait à adopter une posture moins prévisible et plus offensive face aux Talibans et aux autres forces islamistes afin de les contraindre à rejoindre la table des négociations, en vue d’un accord politique négocié par et pour les Afghans. Elle s’est traduite par un renforcement de la présence américaine dans le pays et d’une autonomie décisionnelle accrue conférée aux officiers sur le terrain, autour de deux axes : les actions de contre-terrorisme, et surtout, les actions de formation des forces armées et de sécurité afghanes – avec un accent sur la force aérienne afghane – dont la montée en puissance semble cruciale.
Durant sa conférence, le général Nicholson a rappelé que la réconciliation politique des différentes fractions du peuple afghan permettant une réduction du niveau de violence telle qu’elle puisse être traitée par les forces nationales constituait l’objectif premier de la stratégie américaine. A ce titre, il a déclaré avoir reçu les éléments d’une proposition de paix émanant des Talibans tandis que le président Ghani a pour sa part mis sur la table une offre de paix formelle. Interrogé sur la reprise des violences depuis la fin avril avec l’annonce de l’offensive de printemps des Talibans, il a souligné que leur niveau était inférieur aux années précédentes et a rappelé que violence et négociations pouvaient coexister. Il a également tenu à mettre en exergue les progrès des forces afghanes, qui ont été en mesure de repousser 80% des attaques des groupes islamistes ainsi que de reprendre rapidement les zones où elles avaient été mises en échec, comme l’ont montré les combats pour la reprise de la ville de Farah, tombée aux mains des Talibans et libérée par les forces afghanes en l’espace de 24 heures. Par ailleurs, le général Nicholson a rappelé que l’Afghanistan était marqué par la plus grande concentration de groupes islamistes au monde – incluant en particulier une branche de Daech, dite Daech-Khorasan – et que la présence américaine visait à empêcher la préparation et la commission d’attentats, en particulier à l’encontre du territoire américain.
Ces déclarations doivent être mises en regard du dernier rapport de l’inspecteur spécial pour la reconstruction afghane, le SIGAR, qui souligne à la fois la part grandissante du territoire afghan sous contrôle taleb, et une réduction quantitative des forces afghanes – censée être compensée par leur montée en puissance qualitative et technologique via des livraisons conséquentes d’équipement et véhicules, incluant des aéronefs.