Signe de l’inquiétude grandissante de la Pologne à l’encontre de son voisin russe, le pays aurait fait une offre de 1,5 à 2 milliards de dollars aux Etats-Unis pour l’installation permanente sur son sol d’une division blindée. Cette proposition fait suite aux relations soutenues entre les deux pays en matière de défense comme en témoigne le récent achat, en mars, du système de défense anti-aérienne Patriot pour un montant 4,75 Milliards de dollars. Cette proposition a, par ailleurs, tout pour plaire à l’administration Trump, puisque ce dernier n’a cessé de répéter depuis son arrivée au pouvoir sa volonté que les Européens investissent davantage pour leur défense, même si une partie de la somme pourrait être financée par l’Union Européenne et par l’OTAN. La réaction russe est particulièrement attendue, tant la Russie a eu à cœur de limiter l’expansion des troupes américaines en Europe.
Pourtant, aujourd’hui, cette proposition soulève des questions. Tout d’abord l’origine de cette division : si les Etats-Unis répondent favorablement à l’offre, où prendre et où installer un tel groupement militaire? Ponctionner une division déjà installée en Europe (par exemple en Allemagne) impliquerait une logistique et une refonte du déploiement américain sur le continent. Mais bien plus, cette installation contreviendrait à la stratégie américaine en Europe de l’Est qui, depuis une dizaine d’années, fonctionne selon un système de rotation des brigades, ce qui permet de maintenir un haut niveau de dissuasion contre la Russie tout en assurant un niveau opérationnel inégalé par rapport à des forces basées en permanence dans les pays. C’est notamment ce qu’a affirmé l’ancien commandant de l’Army en Europe (USAREUR), le Lieutenant-General Ben Hodges, interrogé sur la question par Defense News.
Du reste, les critiques émanent également de Pologne. Selon certains analystes, ce système assimilé à du mercenariat mettrait en question la capacité de la Pologne à assurer sa propre sécurité. D’autant plus que le montant annoncé n’est que celui de l’installation initiale, et ne prend pas en compte les coûts de fonctionnement à moyen terme d’une telle division. Ainsi, la Pologne aurait-elle, selon ces détracteurs, plus d’intérêts à investir ces fonds dans des relations industrielles avec les Etats-Unis, ce qui permettrait à l’armée polonaise, en acquérant auprès de l’allié américain des technologies clés, de développer des capacités propres.