Par Cyrille Bricout
Le mercredi 26 septembre, la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale entendait le général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre, au sujet de la loi de programmation militaire (LPM). Cette loi a été promulguée le 13 juillet dernier (voir l’audition du général Lecointre, chef d’état-major des armées, devant la même commission ); l’armée de Terre se prépare désormais à en débuter l’application.
Le général Bosser est revenu sur un paradoxe de la situation actuelle de l’armée de Terre, d’une part très mature, à l’issue de vingt-deux ans de professionnalisation, et solidement ancrée dans l’histoire et le territoire français, mais d’autre part très jeune – la majorité des militaires de l’armée de terre ont entre 18 et 25 ans – et souffrant d’un “fort déficit (…) chez les officiers et les sous-officiers”.
Le général a également évoqué le moral qui “se maintient aujourd’hui à un niveau élevé”, mais qui dépend également de l’espoir suscité par le contenu de la LPM 2019-2025, et qui est par conséquent suspendu à la concrétisation rapide de mesures “à hauteur d’homme”. Ainsi, le général Bosser a insisté sur la mise en œuvre du “Plan Famille” ou encore sur l’acquisition et la distribution au plus vite de nouvelles tenues de sport – la tenue actuelle ayant été conçue il y a plus de trente ans.
Le chef d’état-major de l’armée de Terre est revenu sur des mesures plus globales, comme le programme SCORPION (« synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation »), le remplacement à terme de l’hélicoptère Gazelle, le nouveau programme de contrôle de gestion lancé en 2015…
Une place importante a été accordée à la coopération militaire internationale : le général Bosser a, entre autres, évoqué le partenariat entre la 16th Air Assault Brigade britannique et la 11e brigade parachutiste française, qui forment ensemble l’Airborne Combined Joint Expeditionnary Force (A-CJEF) et qui participeront avec des troupes américaines à l’exercice Falcon Amarante le mois prochain ; les forces de réaction de l’Otan – la NATO Response Force (NRF) et la force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF) – et les défis à venir de leur conciliation avec l’Initiative Européenne d’Intervention (IEI) ; les défis de la coopération technologique et industrielle avec les alliés de la France, concernant notamment les équipements de défense. Cette question tombe à pic, concomitamment au choix de la Belgique de renouveler ses forces aériennes avec des F-35 américains.
Le chef d’état-major de l’armée de Terre a enfin souligné l’importance de l’expression des besoins des militaires dans la planification de la défense : si, par exemple, l’industrie de la défense intervient souvent en proposant des innovations, elles sont loin d’être apportées en réponse systématique à un besoin identifiée au sein des troupes.