Les élections municipales béninoises se sont tenues dimanche 17 mai malgré un contexte de tensions politiques marqué par la pandémie de COVID-19, la demande de suspension du scrutin par la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) et l’appel au boycott par les partis d’opposition.
Ceux-ci dénoncent, de façon croissante, une tendance autoritaire du président en fonction Patrice Talon en citant notamment les condamnations par la justice béninoise de plusieurs adversaires politiques du chef d’Etat, dont l’homme d’affaire Sébastien Ajavon. Les avocats de ce dernier avaient saisi la CADHP pour accuser le gouvernement béninois de “violation des droits politiques” et le manque d’inclusion dans les élections. Mi-avril, le Bénin s’est par ailleurs retiré de la clause (facultative) du protocole de la CADHP permettant à ses citoyens de déposer plainte devant la cour, juste-après que celle-ci ait statué en faveur de Sébastien Ajavon et ordonné la suspension du scrutin municipal. Ce retrait sera effectif en 2021. Les autorités ont justifié leurs décision en mentionnant un dépassement du “champ de compétence” de l’institution régionale. De manière similaire au cas de la Côte d’Ivoire, ce retrait est présenté comme une réaction à une interférence dans les affaires internes d’un Etat souverain.
Selon les résultats communiqués par la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) le 21 mai, les deux partis pro-gouvernementaux, Union progressiste et Bloc républicain, ont obtenu plus de 77% des postes qui étaient en jeu, pour un taux de participation estimé à 49,14% (contre une évaluation de 25% par les partis d’opposition).
Bien qu’il ne s’agisse au premier abord que d’enjeux locaux, les résultats auront une influence sur les élections présidentielles de 2021, les candidats devant obtenir un parrainage d’au moins 16 élus (maires ou députés). Cela s’avérera moins difficile pour le parti présidentiel que pour les forces d’opposition, ces dernières n’ayant pas pu participer au scrutin législatif de 2019 et ne disposant en conséquence d’aucun député à l’Assemblée Nationale. La CENA n’avait en effet autorisé que deux listes pro-gouvernementales à participer, justifiant sa décision sur l’absence de documents dans les dossiers des autres partis. Peu avant le scrutin, les députés du camp présidentiel avaient adopté une réforme du code électoral et une nouvelle charte politique qui introduisaient l’obligation pour les candidats aux élections d’apporter de nouvelles pièces administratives.