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Libye : le durcissement des fronts conduit à plus d’instabilité en méditerranée
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Cette semaine a vu s’accentuer les tensions en Libye. Par ricochet, les enjeux libyens s’étendent à la méditerranée orientale où est contestée la présence turque, qui se sert du conflit pour étendre sa zone d’influence.

 

Le maréchal Haftar a subi de récents revers avec la capture de six villes par les troupes du Gouvernement d’accord national (GAN), desserrant l’étau autour de Tripoli et menaçant un centre névralgique de la logistique des troupes de l’armée nationale libyenne (ANL) de Haftar : la base aérienne d’al-Watiyah.

 

Dans ces récents revers, le rôle de la Turquie a été déterminant, notamment, l’envoi cumulé de près d’un millier de mercenaires et la sécurisation de Tripoli. Le soutien logistique de la Turquie pour le GAN de Sarraj compterait plus de 900 rotations d’avions cargos depuis janvier. Fait nouveau, la Tunisie a accepté le 7 mai l’atterrissage d’un cargo turc chargé d’aide humanitaire pour la Libye sur son sol. Surtout, c’est l’approvisionnement du GAN en drones turcs Bayraktar TB2 qui a joué un rôle déterminant. Ils auraient conféré la supériorité aérienne au GAN, et surpassé le système de défense aérienne des troupes d’Haftar. Le Bayraktar a surpassé son rival, le modèle Wing Loong II de conception chinoise qui était combiné aux missiles sol-air Pantsir S1s, déployés en Libye par les Emirats arabes unis. La trêve ayant suivi la conférence de Berlin en janvier a vraisemblablement été mise à profit pour renforcer les systèmes de défense aérienne du GAN. Les stations de déploiement et de contrôle des Bayraktar sont désormais protégées par la combinaison de différents types de missiles : le IM-23 Hawk américain pour les moyennes distances, le Hisar turc pour les courtes distances, et le Korkut pour l’anti-aérien.

 

A ces revers récents a succédé une réplique des troupes de l’ANL : un barrage de 80 obus sur un quartier résidentiel à Tripoli le samedi 9 mai. Deux victimes sont à déplorer suite à ce tir de barrage. La portée symbolique dépasse cependant ces deux morts. La localisation des tirs, proche des ambassades et dans un quartier résidentiel, ainsi que la reprise du conflit ouvert depuis la conférence de Berlin, ont déclenché de vives réactions. Si le secrétaire général de l’Otan appelle à une cessation des hostilités, la réaction turque contraste par son agressivité. Ainsi, le ministre des affaires étrangères turc a annoncé le 10 mai considérer les troupes de Haftar comme des cibles légitimes – car putschistes- et caractérise le tir de barrage comme « crime de guerre ».

 

Le 11 mai, Chypre-Sud, l’Egypte, les Emirats arabes unis, la France, et la Grèce ont signé une déclaration commune condamnant les activités de la Turquie en Méditerranée. Surtout, sont condamnées les violations de l’espace aérien grec et des eaux territoriales de Chypre, face au forage jugé illégal des navires turcs. L’accord du 27 novembre 2019 entre Sarraj et Erdogan est frappé de nullité par les signataires. Cet accord redéfinissait les frontières maritimes de la Turquie et de la Libye, de sorte à leur offrir une frontière commune donnant pleine légitimité à Ankara pour l’exploitation des hydrocarbures en Méditerranée orientale. En réponse, la compagnie détenue par l’Etat Turkish Petroleum a demandé l’autorisation, le mercredi 13 au gouvernement Sarraj de forer à partir de juillet.

 

Cette escalade en Libye a donc accentué les divisions, et se répercute sur toute la situation en méditerranée orientale. Cette semaine a de nouveau montré le lien entre le conflit libyen et les enjeux énergétiques de la région. Toutefois, malgré de fortes ambitions telles la construction d’un porte avion léger et des exercices aériens au-dessus de Tripoli en avril, la Turquie ne disposerait pas encore d’une capacité de projection suffisamment importante pour intervenir directement Libye.

 

 

 

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