James Jeffrey, envoyé spécial de la Maison-Blanche pour la Syrie, s’est dit inquiet de la recrudescence d’incursions de forces russes dans les zones du nord-est syrien contrôlées par les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) soutenues par les Etats-Unis. Ainsi, à plusieurs reprises, des contractuels russes auraient violé les accords de désescalade conclus avec les forces américaines en pénétrant dans le territoire contrôlé par les FDS. Ces incursions ont conduit les patrouilles américaines à bloquer des convois blindés russes sur les voies stratégiques du nord-est du pays. Certains experts redoutent que ces confrontations, pour l’instant contrôlées, n’aboutissent à une escalade armée, d’autant qu’elles sont de plus en plus fréquentes. Reconnaissant que les forces russes avaient des besoins opérationnels de déplacement dans le nord-est syrien, en particulier autour de Qamichli, où des opérations russo-syriennes sont en cours, James Jeffrey a appelé la Russie à respecter les protocoles de déconfliction conclus avec les Etats-Unis et mis à jour à l’automne dernier.
Parallèlement, selon un rapport de l’inspection générale du Pentagone, la Defense Intelligence (DIA – Agence du renseignement de la défense), estime que l’invasion du nord de la Syrie par les troupes turques à l’automne dernier a été utilisée à son avantage par Daech qui aurait accru le nombre de ses attaques de 20% (de 55 attaques mensuelles à 66 en moyenne). L’agence précise que ses chiffres se fondent sur les attaques revendiquées en ligne par le groupe djihadiste. Le rapport rédigé par l’agence américaine explique également que la mort d’Abu Bakr al-Baghdadi n’a pas eu l’effet escompté sur le mouvement djihadiste qui n’a pas été structurellement affecté par la perte de son leader.
Enfin, la DIA considère que le nord-est de la Syrie, où les combats se concentrent aujourd’hui, semble être propice à la conduite des opérations du groupe islamiste. Cette analyse a été accueillie de manière contrastée par les forces américaines déployées dans la région. Ainsi, les porte-paroles de l’US Central Command et de l’opération Inherent Resolve partagent le constat sur l’absence de répercussions de la mort d’al-Baghdadi, tant en termes de structure de commandement que dans ses réseaux clandestins ou dans le rythme et les modalités de ses opérations. En revanche ils ne s’accordent pas avec l’agence pour dire que l’avancée turque aurait rendu possible l’accroissement des capacités et du nombre d’attaques de Daech. Ils estiment que les attaques revendiquées ne sont que de la propagande et ne craignent pas une résurgence du groupe car selon eux, d’autres « acteurs armés », à savoir les FDS, sont venus combler le vide laissé par le retrait des troupes américaines. Ce retrait, il convient de le rappeler, n’est pas total puisque selon la presse spécialisée américaine, il y aurait environ 500 militaires américains sur le sol syrien. Ce dispositif, articulé principalement autour des champs pétroliers du nord-est syrien, avait brièvement été renforcé par des véhicules blindés de combat d’infanterie M2 Bradley, qui ont depuis été retirés.