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Yémen : recrudescence des combats sur le front est
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Samedi 18 janvier, une attaque frappait le camp militaire d’al-Estiqbal dans la ville de Marib à 120 km à l’est de la capitale Sanaa contrôlée par les Houthis. Une roquette puis un drone armé se sont abattus sur la mosquée de Marib dans laquelle se situaient des soldats au moment de la prière du soir. Le bilan est des plus élevés, 83 militaires pro-gouvernementaux yéménites sont décédés le jour-même selon l’ONU. Une semaine après, ce nombre est rehaussé à 116 victimes.

Cette attaque, une des plus meurtrières de la guerre civile yéménite, intervient dans une période d’accalmie dont se réjouissait, deux jours auparavant, l’envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Martin Griffiths. Le Yémen connaissait en effet une baisse des tensions alors que les crises régionales s’empiraient.

 

Le président yéménite Hadi et le ministre saoudien des affaires étrangères ont aussitôt accusé les rebelles houthis d’être à l’origine de ces événements, et, par la même occasion, ont voulu y voir la preuve que ces derniers sont affiliés à l’Iran. Selon cette interprétation, l’attaque constituerait une revanche pour l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani le 3 janvier dernier. D’autant plus que la même nuit, les Etats-Unis avait tenté d’abattre Abdul Reza Shahlai, un commandant de la force Al-Quds adjoint à Soleimani, alors présent à Sanaa. Ces événements ont suscités de très vives démonstrations d’antiaméricanisme de la part des Houthis, dont des appels à la vengeance.

Cependant, ni le territoire saoudien, ni les forces saoudiennes déployées ne furent visés, mais bien des soldats yéménites. Une telle attaque, certes d’ampleur, ne devrait donc pas constituer un point de rupture dans les discussions entre Houthis et Saoudiens.

 

À défaut d’une portée symbolique claire, l’opération des rebelles avait un intérêt tactique certain. Plus tôt dans la journée du 18 janvier, les forces coalisées dirigées par l’Arabie Saoudite avait entrepris, à grands renforts de bombardements aériens, une offensive sur le district de Nihm. Le front de Nihm, situé à 50km au nord-est de Sanaa, constitue de ce fait un verrou essentiel pour les Houthis, verrou qui a connu de nombreux affrontements depuis ces dernières années.

Les frappes sur Marib avaient ainsi pour but pratique d’affaiblir le flanc gauche du dispositif offensif. Combats autour du carrefour de Jawf et frappes de missiles sur Marib se sont poursuivis de part et d’autre toute la semaine. Tenues en échec, les forces loyalistes ont dû opérer une retraite tactique, selon les termes employés par le ministère de la défense yéménite, ce vendredi 24 janvier.

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