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La conférence de Berlin, une déclaration mort-née ?
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La mission onusienne en Libye a publié le 25 janvier une déclaration dénonçant la violation continue et répétée de l’embargo sur les armes en Libye. Cet embargo avait été approuvé lors de la conférence de Berlin le 19 janvier.

 

Cette conférence de Berlin avait pour la première fois réuni des acteurs antagonistes du conflit libyen. Elle intervient suite aux vœux du rapporteur spécial de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, en juillet 2019. La conférence avait été reportée à de multiples reprises depuis octobre 2019, et était précédée par la conférence de Moscou, où un cessez-le-feu proposé par Poutine et Erdogan avait été rejeté par Haftar, mais accepté par Sarraj. Le 19 janvier 2020, ce sont donc onze pays, et les représentants de quatre institutions internationales (les Nations Unies, l’Union européenne, l’Union africaine, et la Ligue des Etats arabes), qui ont débattu sur l’élaboration d’un cadre de sortie de crise. Les parties belligérantes, quant à elles, ont refusé de se croiser. Elles ont néanmoins participé de façon indirecte, par l’intermédiaire de la chancelière allemande Merkel et du ministre des affaires étrangères Maas, qui les ont rencontrés séparément. Les deux parties belligérantes étaient donc présentes, mais elles n’ont pas signé le document final de 55 points, sans pour autant s’y opposer.

 

La déclaration commune a débouché sur l’affirmation qu’aucune solution militaire en Libye n’était possible. Afin de garantir un cessez-le-feu et donc faire baisser le niveau de tension, la déclaration commune a condamné l’ingérence étrangère, et appelé à un embargo sur les armes. Pour encadrer un cessez-le-feu éventuel, les parties ont appelé à la formation d’une commission. Il s’agit d’une commission militaire mixte, composée de 5 membres désignés par les gouvernements respectifs de Sarraj et Haftar.

 

Cependant, un embargo a déjà été mis en place depuis février 2011 par le Conseil de Sécurité de l’ONU. Cela fait donc neuf ans que l’embargo est un échec. Par ailleurs, alors que le point 38 de la déclaration exhorte la préservation des installations pétrolières, clés pour la reconstruction économique du pays, les forces d’Haftar ont fermé l’oléoduc menant à la ville de Zawija dès le 19 janvier. Cela a conduit à l’arrêt de la production des champs pétrolifères de El-Sharara et El-Feel. La production a chuté de 1,2 millions de barils par jour à 320 000. L’ingérence étrangère est déjà fortement installée, par le biais des mercenaires recrutés par Haftar, ou des miliciens syriens présents aux côtés de Sarraj. Dimanche 26 janvier, ce sont les combats qui ont repris, sur la route menant à Misrata. Ces nouveaux affrontements mettent à mal l’aspect le plus prometteur de la conférence de Berlin, à savoir la commission militaire mixte, qui doit se réunir le 28 janvier à Genève.

 

Ainsi, l’ensemble des points évoqués lors de la conférence de Berlin semblent compromis par la tournure du conflit.

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