En mai 2019, des négociations de paix entre les parties adverses vénézuéliennes, le clan Maduro et le clan Guaido, avaient été entreprises par le biais de Stockholm puis avortées le mois suivant. La réponse positive de Nicolas Maduro à la volonté de négocier avait laissé sceptiques les observateurs. Sous prétexte de négocier, un dessein paraissait : “Diviser pour mieux régner”. Pour Maduro, il aurait été question de négocier dans une visée d’affaiblir son adversaire, le président auto-proclamé Juan Guaido, face à des propositions sur lesquelles le clan d’opposition n’aurait pas pu s’accorder. D’ailleurs, des dissensions internes étaient déjà perceptibles à l’annonce des négociations. Cette stratégie ne se réalisa pas cette fois-ci, puisque les pourparlers furent vite abandonnés.
Cependant, ont rejaillit en ce début d’année, de nouvelles tensions au sein de l’opposition vénézuélienne qui laissent présager un retour du stratège Maduro.
Des élections parlementaires avaient lieu dimanche 5 janvier, pour élire le nouveau président du parlement. Juan Guaido briguait un deuxième mandat après avoir été élu président le 23 janvier 2019. Face à lui, un deuxième candidat, le parlementaire Luis Eduardo Parra. Cet élu de 41 ans, est issu du Parti de centre-droit Primero Justicia, dont il a été évincé récemment pour un scandale de corruption. Il fait lui aussi parti de l’opposition.
Ce dimanche, le bon déroulement vote a été particulièrement difficile pour les siégeants. L’entrée du Parlement de Caracas a été bloquée par les forces chavistes, empêchant, entre autres, Juan Guaido d’accéder à l’hémicycle. Les journalistes n’ont également pas pu entrer au sein du bâtiment. Pour ceux qui ont pu être présents, on compte beaucoup de députés chavistes ou, du moins, opposés à Guaido. Le vote se fait à main levée, uniquement retranscrit par la chaîne officielle du gouvernement, et Luis Parra est élu nouveau président du Parlement vénézuélien. Très vite, les députés soutenant Guaido vont protester et désignent la manoeuvre de “coup d’Etat parlementaire”. Ils se réunissent aux bureaux du journal El Nacional, et votent, pour certains à distance, la réélection de Juan Guaido, par 100 voix sur 160.
Cet évènement se présente comme nouvel épisode de la crise institutionnelle qui dure désormais depuis plus d’un an. Nicolas Maduro, prenant la parole dimanche après-midi, et affirma que Guaido avait « fait le choix de ne pas entrer dans l’hémicycle dimanche matin parce qu’il savait qu’il n’y disposait pas du nombre de voix suffisant pour être réélu », avant d’ajouter : « Le pays répudie Juan Guaido, marionnette de l’empire ».
Pouvons-nous toutefois affirmer que Maduro a réussi son pari de “diviser pour mieux régner” ? Deux situations se dessinent et infirment l’hypothèse. En mai dernier, lors des négociations non poursuivies, la stratégie connaissait ses premières heures. Elle était, à cet instant, pure de toutes intrusions de la part de l’investigateur. Le parti d’opposition se déchirait seul, sans ingérence du régime. Une stratégie viable, qui aurait fait gagner quelques répits à Maduro si elle avait abouti. Pour autant, l’épisode du 5 janvier 2020 est tout autre. Servant la même cause, c’est-à-dire une division interne du clan adverse, elle est cette fois-ci créée de toutes pièces, desservant ainsi ses investigateurs. Il est clair, ou en tout cas très plausible, que le gouvernement chaviste est la manne de ce désordre et cela n’a pas été fait très discrètement. Au journal le Monde, Félix Seijas, directeur de l’institut Delphos évoque : “Le gouvernement a voulu prendre le contrôle du Parlement et marginaliser Juan Guaido ». Selon lui, il serait encore prématuré d’évaluer les résultats de cette stratégie.
Au lendemain des évènements, des soutiens internationaux se sont exprimés. Félicitant Guaido, Washington et le Groupe de Lima poursuivent leur prise de position déjà exprimée en 2019.
Canada, le Brésil, le Chili et la Colombie dénoncent “l’usage de la force” par les forces chavistes.