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La visite d’Erdoğan à Washington révèle les fragilités d’Ankara
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Le 13 novembre dernier, le président Erdogan s’est déplacé à Washington pour rencontrer le président américain. Ce dernier a promis le renforcement des échanges économiques entre les deux pays, sans signer d’accord concret. Il s’agissait de la première visite entre les deux chefs d’État depuis l’opération militaire turque en Syrie lancée le 9 octobre. Si certains y ont vu une victoire diplomatique d’Ankara, qui a su mettre en avant certains thèmes clés comme la perception turque du YPG comme mouvement terroriste, cette visite diplomatique montre le difficile équilibre que la Turquie s’efforce de maintenir entre la Russie et les États-Unis.

En effet, la relation Ankara-Washington s’est dégradée le mois dernier, après l’opération turque en Syrie et les accords turco-russes. Ainsi, les patrouilles turco-russes continuent en Syrie depuis début novembre faisant suite aux accords de Sochi le 22 octobre. En opposition, le 28 octobre, la Chambre des représentants a adopté un projet de loi contre la vente d’armes à la Turquie. La reconnaissance du génocide arménien par la Chambre le 29 octobre achève de créer une atmosphère tendue.

Cette visite d’Erdogan avait donc pour objectif de regagner la confiance envers ses alliés traditionnels de l’OTAN. Il pourrait s’agir d’un rééquilibrage de la relation stratégique entre Ankara et Washington. Cette visite devait aussi répondre à des problématiques internes à la Turquie. En effet, le président turc devait montrer à ses détracteurs que sa stature internationale ne s’était pas érodée. Ankara est encore très dépendant de ses alliés occidentaux pour ses exportations et sa croissance économique. La menace de sanctions américaines suite à l’achat des S-400 pèserait déjà lourdement sur l’économie turque.

Ankara est donc à la recherche d’un équilibre entre les Etats-Unis et la Russie. La Turquie est dépendante des Américains en termes stratégiques, via la relation à l’OTAN, et économiques, via des investissements vitaux pour la croissance économique. D’autre part, la Turquie doit compter avec la Russie, pour sa médiation avec le régime syrien et la gestion de l’après-conflit. À ce titre, une entrevue entre le président Erdogan et le président russe est prévue pour janvier. Ce sommet du 13 novembre n’a pas débouché sur des accords concrets, mais aura permis de réduire les tensions entre Ankara et Washington.

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