En un mois, quatre attentats ont directement visé la communauté chrétienne du Burkina Faso. Dimanche 26 mai, quatre personnes ont été tuées dans l’attaque d’une église catholique à Toulfé, dans le nord du pays. Les assaillants, au nombre de huit, ont ouvert le feu sur des fidèles lors de la célébration de la messe. Le 12 mai déjà, un prêtre et cinq fidèles avaient été tués à Dablo, dans la province du Sanmatenga, au centre-nord, abattus en pleine messe dominicale par des terroristes. Le 13 mai encore, à quelques kilomètres seulement de Dablo, quatre fidèles catholiques ont été exécutés lors d’une procession mariale à Zimtenga. Le 29 avril, six personnes avaient été tuées dans l’attaque de l’église protestante de Silgadji, toujours au nord du pays.
Ces récentes attaques contre la population chrétienne ont suscité une vive émotion et une grande indignation au sein de la société burkinabè. Le Burkina Faso, « pays des hommes intègres », était en effet connu pour sa diversité religieuse et sa concorde entre les différentes confessions. Le pays compte environ 60% de musulmans, 30% de chrétiens (dont 20% de catholiques) et 8% d’animistes. À l’inverse de ce qu’on observe régulièrement dans de nombreux pays subsahariens, la variable religieuse ne jouait jusqu’à maintenant quasiment aucun rôle dans les affrontements qui pouvaient secouer le pays.
Les musulmans vivent essentiellement dans les régions frontalières du nord, de l’est et de l’ouest du pays. Les communautés chrétiennes se concentrent quant à elles au centre du pays. Dans la capitale Ouagadougou, la population est mixte, regroupant musulmans et chrétiens. La ville est aussi le cœur battant de l’histoire chrétienne du pays, là où a été érigée la première cathédrale par Monseigneur Thévenoud. Bobo-Dioulasso, la deuxième ville, est très majoritairement peuplée de musulmans. Sur les 63 ethnies qui composent la mosaïque burkinabè, la quasi-totalité est religieusement hétérogène. Seuls les Peuls et les Dioulas sont presque exclusivement musulmans. Il faut noter que la constitution du Burkina donne un caractère laïc à l’État.