Par Matthieu de Ramecourt
Rabat s’est déclaré cette semaine en faveur de l’opposition vénézuélienne, alors que la crise politique issue de la contestation de la légitimité de l’actuel président Nicolas Maduro ne faiblit pas. Ce rapprochement diplomatique pourrait être doublement gagnant pour le royaume maghrébin, tant au sujet du Front Polisario que dans son opposition traditionnelle avec son voisin algérien.
Il y a trente-sept ans, le prédécesseur de Nicolas Maduro à la tête de l’État vénézuélien, Hugo Chavez, avait reconnu la République sahraouie du Front Polisario, alors en lutte armée avec le Maroc. Rabat, qui a toujours considéré toute reconnaissance officielle de cette entité politique comme une pure provocation, en prit prétexte pour rompre diplomatiquement avec la première réserve mondiale de pétrole.
Tandis que la crise s’intensifie au Vénézuela, le Maroc a exprimé mardi 29 janvier son soutien au président par intérim autoproclamé, Juan Guaido. Ce dernier a en effet laissé entendre qu’il pourrait initier un possible changement diplomatique vis-à-vis du Front Polisario, s’il venait à remporter les nouvelles élections législatives « libres » que pourrait proposer son adversaire Nicolas Maduro.
Ce premier échange gagnant-gagnant se double d’un autre avantage potentiel pour Rabat en cas de changement de gouvernement outre Atlantique. Le Maroc, réintégré récemment au sein de l’Union africaine, est également impliqué dans une lutte d’influence à l’échelle du continent. Compter Caracas, membre de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), parmi ses alliés est, pour un État dépendant à 90% des importations énergétiques, une réelle aubaine. Traditionnellement soutenu par l’Algérie voisine, le régime de Nicolas Maduro, s’il devait disparaître, ferait ainsi marquer des points au Maroc, au détriment du pays d’Abdelaziz Bouteflika.