Ce vendredi 9 novembre, l’Ethiopie, l’Erythrée et la Somalie se réunissaient pour évoquer la mise en place d’un partenariat économique durable.
A Gondar, au nord de l’Ethiopie, Issaias Afeworki, Mohamed Abdallahi Mohamed ainsi que le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed ont visité une université puis évoqué les premiers points de l’accord signé en septembre dernier en Erythrée. Bien que non public, on sait qu’il permettait de poser les jalons d’une collaboration renforcée sur le développement des échanges culturels et commerciaux. Dans cette optique, Ethiopian Airlines a justement inauguré son premier vol entre Addis-Abeba et Mogadiscio, qui permet de joindre les deux capitales en moins de deux heures : cela faisait plus de 40 ans qu’il n’existait plus de ligne aérienne directe, à l’avantage de Djibouti qui servait de carrefour.
Profitant de ce climat d’apaisement, le PDG d’Ethiopian Airlines a évoqué la possibilité d’ouvrir une ligne réservée à un vol cargo de transport de marchandises, afin de tirer profit d’un marché qui émerge peu à peu, suite aux accords de paix signés en juillet. Cette normalisation des relations, qui se traduit par la réouverture des ambassades, l’instauration d’une frontière commune et la mise en place de lignes téléphoniques n’éclipse cependant pas les tensions sécuritaires qui émaillent la région. En Ethiopie, le pays est marqué par la récente découverte d’une fosse humaine contenant environ 200 corps. Située dans la région d’Ogaden, elle ravive les stigmates du règne d’Abdi Iley (aujourd’hui en attente de son procès), connu pour sa brutalité et son recours excessif aux forces paramilitaires lors du conflit ethnique qui oppose somali et oromo. En Somalie, des manifestations ont éclaté à Mogadiscio à l’encontre de l’AMISOM (force africaine en Somalie) après le meurtre de plusieurs civils par un contingent burundais. Selon Amnesty International, les soldats auraient tiré à l’aveugle sur la foule après l’explosion de deux bombes artisanales à proximité de leur convoi. L’ONG interpelle sur le manque de contrôle des troupes qui n’hésitent pas à se retourner sur les populations somaliennes qu’il s’agit à l’origine de protéger. Dans l’embarras, la Force africaine a dû répondre au mouvement de colère de la foule en annonçant l’ouverture d’une enquête dont le résultat serait rendu public.
Malgré l’insécurité latente, les observateurs internationaux semblent préférer se concentrer sur les avancées significatives dans la région. Pour preuve, le Conseil de sécurité de l’ONU doit accepter dans les prochains jours un projet de résolution britannique appelant à lever l’embargo sur les armes, les interdictions de voyage et les gels d’avoir qui touchent l’Erythrée depuis 2009.
Symbole fort du renouveau, Addis-Abeba aurait directement fait pression pour mettre un terme à ces sanctions, alors même qu’elles visaient à endiguer le financement des combattants shebabs en Somalie (combattants islamistes animés par une vision rigoriste de l’Islam) par l’Erythrée, alors considéré comme un “Etat-voyou”. Ce soutien inespéré a permis de convaincre les Etats Unis, puisque John Bolton, conseiller à la sécurité nationale, a personnellement validé la levée des sanctions.