Alors même que le président du Soudan Omar el-Béchir vient de prolonger par décret, et ce jusqu’au 31 décembre prochain, un cessez-le-feu unilatéral dans la région du Darfour, du Nil Bleu et du Kordofan-Sud, le processus de paix sud-soudanais semble cependant se heurter à la question du partage du pouvoir. Si les pourparlers entre Salva Kiir et Riek Machar se poursuivent, ces derniers se sont vus perturbés par un vote du parlement, à l’unanimité, dont l’issue fut l’adoption d’une loi qui prolonge le mandat de Salva Kiir pendant trois ans. La réaction de l’opposition ne s’est pas fait attendre : après avoir rejeté le projet de réintégrer le chef rebelle Riek Machar au poste de vice-président, elle a qualifié ce vote d’illégal et même d’inconstitutionnel. Mabior Garang de Mabior, porte-parole du groupe rebelle de Machar, le Mouvement populaire d’opposition au Soudan (SPLM-IO), a notamment déclaré à Reuters que cette prolongation risquait de faire dérailler les pourparlers de paix. Des élections devaient normalement avoir lieu au mois de juin de cette année, mais la multiplication des affrontements ont empêché leur tenue. En effet, le parlement sud-soudanais avait déjà voté en 2015 la prolongation du mandat du président Kiir de trois ans. Son mandat de transition devait ainsi prendre fin au mois de juillet.
Enfin, la pression internationale ne faiblit pas. Ce vendredi, le Conseil de sécurité des Nations Unies a pris la décision extraordinaire d’imposer un embargo sur les armes jusqu’au 31 mai 2019. Cette résolution proposée par les États-Unis, qui préconisent d’ailleurs un embargo sur les armes contre le Soudan du Sud depuis deux ans, a été adoptée par un vote de 9 voix contre 0 au sein du conseil de 15 membres. Six membres se sont abstenus, craignant que cette mesure n’entrave les efforts déployés par d’autres pays africains pour relancer les négociations de paix au Soudan du Sud. Quelles conséquences cela aura-t-il sur l’avancée des pourparlers ?