Ce jeudi, le Khalifa Haftar a annoncé la “libération” de Derna, l’un des derniers bastions des islamistes radicaux en Libye. Située à l’Est de Tripoli, sur le pourtour méditerranéen, ce point névralgique conditionnait la reprise de la Cyrénaïque, alors placée sous l’égide d’une coalition hétéroclite de milices islamistes et jihadistes, opposées à Haftar et au groupe islamique. Lancée le 7 mai dernier, l’offensive s’est révélée décisive. Le maréchal parle ainsi d’une “journée glorieuse”, et renforce son autorité contre le gouvernement d’union nationale situé à Tripoli. La veille, l’autoproclamée “Armée nationale libyenne” annonçait la fin des opérations dans le croissant pétrolier, au nord est libyen. Après cinq jours de combats, Haftar a pu prendre le contrôle des terminaux de Ras Lanouf et Al Sedra, c’est-à-dire, établir une mainmise totale sur les pôles de distribution du pétrole vers l’étranger. Comme le stipule RFI, il ne s’agit pas simplement d’une conquête sécuritaire, mais d’une véritable prise de pouvoir contre la coalition, puisque le maréchal a confié la gestion et les revenus du pétrole à une compagnie dépendante des autorités indépendantes de l’est libyen. Une telle décision va à l’encontre des accords signés à Paris lors de la conférence sur la Libye, puisqu’elle empêche toute tentative d’unité nationale. En parallèle, les soupçons d’un soutien de la part de troupes tchadiennes dans l’offensive menée par le chef militaire Ibrahim Jadhran (à l’origine des affrontements dans le croissant pétrolier) se sont révélés probants après la capture de plusieurs miliciens. Le gouvernement tchadien a ainsi ouvert une information judiciaire pour identifier les partis impliqués. Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) semble visé par cette enquête, et dément toute implication lors de la prise des zones pétrolières libyennes, tandis que le président Idriss Déby s’affiche en proche du Khalifa Haftar.