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Un premier sursaut dans la crise du Cameroun anglophone ?
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La semaine dernière, l’organisation Amnesty international publiait un rapport à charge contre le gouvernement camerounais qui relatait les violences subies par les communautés anglophones dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest du pays. Dénonçant d’abord le « piège » d’une « violence meurtrière » orchestrée par les forces de sécurité, accusées d’avoir brûlé des villages et torturé au moins 23 personnes. Le rapport pointe ensuite du doigt les exactions menées par les séparatistes qui ont attaqué 42 écoles et tué 44 membres des forces de sécurité (ce chiffre est désormais porté à 81). La population, prise en otage entre les deux camps s’est en partie réfugiée au Nigeria (34.000 personnes selon RFI). Jusque là très critiqué, le gouvernement se défendait d’être à l’origine de ce conflit et reportait la culpabilité sur les séparatistes, comme dans le récent assassinat d’un couple de militants du RPDC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais, parti actuellement au pouvoir) à Batibo, point nodal de la crise actuelle.

 

Ce week-end, des combats ont éclaté entre soldats et séparatistes à Ekona au sud-ouest, entérinant le passage d’un conflit larvé à l’horizon funeste d’une prochaine guerre civile africaine. Le président, sous pression internationale (l’ambassadeur des Etats-Unis à Yaoundé lui aurait conseillé de songer à son héritage, et d’abandonner son poste), a finalement décidé de sortir de son marasme pour proposer un plan d’urgence en faveur des régions anglophones. En effet, ce mercredi 20 juin, le premier ministre Philémon Yang a promis des réformes qui mettraient l’accent sur l’angle humanitaire, appuyées par une enveloppe de près de 12,7 milliards de francs CFA (soit environ 20 millions d’euros).  Cette annonce vise à renouer avec la population anglophone qui se sent délaissée, et devrait permettre de venir en aide à près de 100.000 réfugiés et déplacés. Le financement sera assuré par le « budget de l’Etat », « l’appel à la solidarité nationale » et « la contribution de partenaires internationaux ». Cette décision n’est pas motivée uniquement par la problématique humanitaire ou le danger d’un délitement de l’Etat face aux promesses du sécessionnisme, il s’agit surtout pour le président de s’adresser à un électorat jusque là marginalisé par les institutions, afin de pouvoir ambitionner un nouveau mandat à l’approche des élections dans quatre mois.

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