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Face aux nouveaux éléments dans l’affaire des Moines de Tibhirine, la version officielle algérienne s’étiole
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Face aux nouveaux éléments dans l’affaire des Moines de Tibhirine, la version officielle algérienne s’étiole

France Inter vient de révéler les premiers résultats du nouveau rapport d’expertise sur l’assassinat des moines de Tibhirine (rapport remis à la justice française en février dernier). Pour rappel, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 sept moines français du monastère Notre Dame de l’Atlas ont été enlevés par des éléments du GIA puis assassinés. Un mois plus tard, leur mort a été revendiquée par ce groupe dans un communiqué publié le 23 mai. Le 30 mai, leurs têtes ont finalement été retrouvées par l’armée algérienne près de Médéa. Mais très vite, cette version « officielle » est remise en cause : on soupçonne un acte commandité par les services secrets algériens pour discréditer les islamistes, ou une bavure d’un hélicoptère de l’armée algérienne. En 2003, les familles des victimes déposent plainte à Paris afin de trouver les responsables de cet acte. L’enquête est semée d’embuches face aux autorités algériennes qui refusent notamment l’envoie des têtes en France. Le gouvernement algérien prétend préserver ainsi la « souveraineté nationale ».

Ce n’est qu’en juin 2016 qu’Alger autorise les juges français à rapatrier des éléments de l’enquête. Le premier rapport français se fondait sur ces éléments. L’analyse stipule que les têtes ne portent pas de trace de balles, ce qui écarte l’hypothèse du général Buchwalter, ancien attaché militaire de l’ambassade de France, qui accusait les militaires algériens d’une erreur tragique, qu’ils auraient ensuite mis en scène. Toujours  selon le rapport, les moines ont très probablement été assassinés plusieurs semaines avant la découverte officielle de leur tête. Enfin, les dépouilles ont été décapitées après la mort.
 
Ces résultats permettent de remettre en cause de nombreux éléments, comme le fait que la mort des moines est antérieure à ce qui a toujours été annoncé par les autorités algériennes. Néanmoins, en l’absence de corps, les zones d’ombres sont encore nombreuses, comme le fait remarquer l’avocat Patrick Baudouin qui dénonce une « thèse officielle et simpliste qui ne tient plus » contre la « chape de plomb » imposée par le pouvoir algérien.

Cette affaire dramatique est un véritable traumatisme pour les services secrets français, comme le rappelle le dossier du Point daté du 15 mars 2018 consacré aux secrets des espions français : on y apprend que le général Rondot, après avoir mis ses réseaux au service de leur libération, avait finalement proposé d’être « personnellement échangé contre les moines », sans succès. Après leur mort, il serait allé fournir au Vatican des éléments tangibles afin de permettre leur béatification, effective le 26 janvier 2018.

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