Actuellement en développement, le plan Tenufa (Momentum en hébreux) doit permettre une montée en puissance de l’armée israélienne sur plusieurs années, alors même que la crainte de menaces à ses frontières grandit. Le plan prévoit une amélioration de l’efficacité de Tsahal en force, mobilité et létalité. Cela s’exprimera sur plusieurs plans.
Au niveau de l’armement, la dotation en capacités anti-aériennes sera augmentée et un nouveau système dédié à contrer les projectiles de courte portée (mortiers et roquettes) est actuellement en cours d’étude. Les véhicules anciens seront quant-à-eux remplacés : cela sera le cas des hélicoptères Sikorsky CH-53, vieux de plus d’un demi-siècle, par des modèles Boeing CH-47 Chinook ou Ch-53K King Stallion du constructeur Lockheed Martin. Concernant les blindés, plusieurs seront retirés du service et une brigade complète sera supprimée en raison de l’ancienneté de son arsenal. L’aviation n’est pas en reste, avec le remplacement d’appareils par des modèles récents, mais non précisés pour l’instant. L’acquisition de nouveaux drones aurait aussi été évoquée. Enfin, la marine se verra dotée de quatre corvettes Sa’ar 6 pour assurer notamment la sécurité de plateformes gazières.
La formation des troupes sera revue. L’accent sera porté sur le combat urbain, en prévision de possibles affrontements dans des villes et villages contre des acteurs non-étatiques. Une nouvelle division sera constituée et contiendra entre autres la brigade d’infanterie, Kfir, jeune unité de Tsahal qui pourrait alors devenir une unité de manœuvre capable de pénétrer en profondeur en territoire ennemi. Cette division recevra de nouveaux équipements et davantage de troupes afin de se préparer à un éventuel déploiement sur le front nord. L’interopérabilité des composantes terrestres et aériennes sera aussi approfondie avec la création d’une « brigade d’attaque » expérimentale dédiée justement à permettre à ces éléments d’interagir ensemble.
Enfin, un effort tout particulier sera apporté à la communication et au renseignement. Le développement d’un logiciel surnommé le Waze of War, en référence à la célèbre application de navigation, devrait permettre de simplifier la communication et la prise de décision notamment en centralisant les informations et les renseignements apportés par les différents échelons. L’enjeu d’un tel système est d’obtenir un champ de bataille intégré, permettant une fluidité et une rapidité d’action, tout du moins en principe.
L’ensemble de ces aménagements vise donc à renforcer les capacités militaires d’Israël alors même que les tensions avec l’Iran se font de plus en plus vives. Un poste de commandement spécifique à la surveillance de ce pays pourrait même être créé dans l’Etat-major de Tsahal afin de centraliser les moyens les plus adéquats pour détecter, analyser et répondre aux menaces de Téhéran. Précisons toutefois qu’il n’y aurait là rien de nouveau puisqu’une initiative similaire avait déjà été menée en 2018, lorsque le Major-Général Nitzan Alon fut nommé à la tête d’un projet Iran en collaboration avec les Etats-Unis, visant à surveiller les menaces que le pays pouvait représenter aux niveaux nucléaire, balistique, subversif et économique.
Bien qu’accepté par le ministre de la Défense et le Premier ministre, le plan doit encore recevoir la validation du cabinet de sécurité alors même que la question de son financement demeure confuse. Il n’empêche que certains pans de ce plan semblent avoir déjà été mis en pratique quant à l’organisation des forces ou du matériel, d’autant que de nouvelles menaces se sont depuis exprimées. En atteste ces tentatives de phishing menées par des militants du Hamas contre des militaires israéliens : se faisant passer pour de jeunes israéliennes malentendantes sur des applications de messagerie, ils auraient tenté de nouer des liens avec ces derniers pour les pousser à télécharger des applications préalablement infestées de malwares pour prendre le contrôle de leurs appareils mobiles et recueillir ainsi du renseignement. L’opération a cependant échoué mais souligne bien la capacité d’adaptation d’un adversaire jouant la stratégie du contournement.