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Afghanistan : crash d’un avion de soutien aux communications E-11 et réduction des livraisons d’aéronefs américains
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Afghanistan : crash d’un avion de soutien aux communications E-11 et réduction des livraisons d’aéronefs américains

 

Un avion E-11A de l’US Air Force s’est écrasé lundi 27 janvier dans la province de Ghazni, au centre de l’Afghanistan, tuant les deux aviateurs à bord (un lieutenant-colonel et un capitaine). L’E-11A est issu de l’avion d’affaire BD-700 Global Express. Il embarque un système dit BACN (Battlefield Airborne Communications Node) permettant de centraliser et faciliter les communications entre aéronefs et forces terrestres. Il joue donc un rôle particulièrement précieux sur le théâtre afghan où le relief montagneux tend à couper les communications. Ce système vise à renforcer la maîtrise de l’environnement et de combler des lacunes informationnelles entre les différents éléments de l’échelon tactique.

 L’US Air Force aligne quatre de ces appareils (en incluant l’avion en question), sur la base de Kandahar au sein du 430e escadron de combat électronique. Les E-11A ont joué un rôle majeur dans la conduite des frappes américaines qui connaissent actuellement une recrudescence majeure, avec 7423 munitions tirées en 2019, soit le plus haut niveau depuis 2011.

Les Talibans ont, de manière classique, revendiqué avoir abattu l’avion, ce qui a été démenti par le porte-parole des forces américaines en Afghanistan, qui explique le crash par une défaillance mécanique de l’avion. Une enquête est en cours pour déterminer les causes exactes de l’accident. Les forces américaines ont récupéré les dépouilles des aviateurs ainsi que les boîtes noires de l’appareil avant d’en détruire les restes.

Parallèlement, dans un rapport sur la sécurité et la stabilité de l’Afghanistan datant de décembre 2019, le Pentagone a annoncé qu’il allait réduire fortement le nombre d’aéronefs qui seront livrés à l’armée de l’Air afghane dans le cadre du programme de remontée en puissance de cette dernière, en particulier les volets transport et appui-feu.

Ainsi, seuls 53 hélicoptères de transport UH-60 Black Hawk seront livrés, contre 159 prévus initialement. Ces appareils ont vocation à remplacer les 45 hélicoptères de transport Mi-17 qu’aligne l’armée de l’Air afghane. De même, seuls 10 avions de reconnaissance et d’attaque AC-208 Eliminator seront perçus par les forces afghanes, contre une cible initiale de 32. Dans son rapport, le Pentagone ne donne aucune raison en faveur de cette diminution drastique autre que l’évaluation des futurs besoins opérationnels de l’armée de l’air afghane. Une telle décision peut paraître étonnante puisque le général John Nicholson, ancien commandant des forces américaines sur le théâtre afghan voyait dans la remontée en puissance de la force aérienne afghane un élément clé pour les capacités offensives de l’armée afghane, permettant de renverser le rapport de force en apportant mobilité et puissance de feu.

Néanmoins, selon des experts et certains critiques de ce programme, l’armée afghane n’est déjà pas en mesure d’assurer le maintien en condition opérationnelle (MCO) de sa flotte d’aéronefs, comprenant selon le Pentagone 206 appareils, dont 163 seraient opérationnels. En conséquence, la cible initiale du Pentagone aurait nécessité un soutien financier trop considérable pour assurer le MCO d’autant d’aéronefs, sans compter la formation et le recrutement des pilotes afghans. Le programme d’entraînement des pilotes afghans aurait pris du retard, ce qui induirait une réduction de son envergure. De surcroît, la charge utile du Black Hawk est inférieure à celle du Mi-17, qu’il a vocation à remplacer, et l’appareil américain est plus sophistiqué, dans la mesure où il dispose de capacités d’appui-feu moins importantes. L’inspecteur général du Pentagone pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR) soulignait dans son dernier rapport les limites du programme d’hélicoptères de transport. En revanche, il accordait un satisfecit au programme d’avions légers d’attaque (A-29 Super Tucano et AC-208), tant au plan de la formation que de l’emploi opérationnel.

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