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US Air Force / Triade nucléaire : avancée des projets B-21 et LRSO
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Le projet de futur bombardier stratégique furtif de l’US Air Force, dénommé B-21, serait en bonne voie de développement pour intégrer l’arsenal des vecteurs nucléaires aériens des Etats-Unis d’ici 2025, avec une production finale prévue à 100 exemplaires. Quelques mentions de ce projet secret ont été inscrites dans le dernier United States Air Force 2018 Acquisition Annual Report, publié le 4 avril de cette année, indiquant, selon les mots de l’ancienne Secrétaire à la force aérienne Heather Wilson, le passage de la phase de conception à la phase de production, qui devrait permettre sous peu de procéder aux premiers essais.

 

Le projet ne concerne pas uniquement la plateforme, mais un ensemble de technologies et de systèmes d’armes qui devrait améliorer qualitativement la force de frappe américaine. Lorsqu’il arrivera en service, le B-21 pourrait être armé du Long-Range Stand-Off Weapon (LRSO), le dernier missile de croisière air-sol à capacité nucléaire. Ce système d’arme est aujourd’hui en développement par les firmes concurrentes Raytheon et Lockheed Martin, dont l’un des modèles sera choisi en 2022 pour une production courant 2030 devant se chiffrer à un millier d’armes.

 

La finalité du développement de ces deux systèmes d’arme est d’offrir à la force de frappe américaine une pénétration dans la profondeur du territoire ennemi, avec une portée accrue par la conjugaison entre le bombardier furtif et le missile de croisière. Ces projets devraient ainsi offrir au Pentagone et au commandement stratégique une composante aérienne particulièrement opérationnelle au sein de la Triade, en délaissant les bombes gravitationnelles B-83 aujourd’hui employées, ou l’actuel missile de croisière à capacité conventionnelle ou nucléaire AGM-86B bientôt dépassé. Ces projets s’inscrivent bien dans la remontée en puissance des forces nucléaires qu’avait annoncée la Nuclear Posture Review de 2018, dans le cadre précis d’un conflit avec des puissances pouvant mettre en œuvre de capacité de déni d’accès local (A2/AD).

 

Cependant, quelques interrogations émergent d’un tel développement : un tel missile de croisière à capacité nucléaire ne contreviendrait-il pas, in fine, à la dissuasion ? Il pourrait, en effet, abaisser le seuil de nucléarisation des conflits, ou bien rendre incertain l’adversaire, quant au fait que ce missile traduit une attaque conventionnelle ou nucléaire. Ces deux interrogations doivent être prises au sérieux par le décideur américain, car la dissuasion fonctionne en partie sur un équilibre (relativement) clair et défini. Une incompréhension adverse pourrait mener à déstabiliser le cours des relations internationales ou d’un conflit en accroissant le risque d’escalade nucléaire : il serait alors, de manière paradoxale, dans l’intérêt des Etats-Unis de clarifier la doctrine d’emploi de ces armes, ce qui n’implique pas pour autant d’abandonner totalement l’ambiguïté qui participe de la crédibilité de la doctrine stratégique de dissuasion.

 

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