Par Edouard Josse
Le général de corps d’armée Bruno Clément-Bollée (2s), consultant en sécurité internationale, ancien Directeur de la coopération de sécurité et de défense au Quai d’Orsay et ex-commandant de l’opération Licorne et des Forces françaises en Côte d’Ivoire, tire le signal d’alarme quant à la situation sécuritaire au Sahel.
Dans une tribune diffusée par L’Opinion ainsi que sur LinkedIn, il alerte sur une crise qui est en train de changer de nature et d’échapper encore davantage aux acteurs régionaux. La tournure que prennent les rivalités « interethniques » au Mali, au Niger et au Burkina Faso est selon lui extrêmement inquiétante. Ces dernières pourraient « exploser à grande échelle » et le risque de contagion est réel dans la région (Togo, Bénin, Ghana, Côte d’Ivoire et Guinée).
Le général rappelle que les bilans sont désormais de plusieurs dizaines de tués à chaque événement et qu’il s’agit sans aucune ambiguïté de violences entre groupes ethniques sur fond de vengeances. Dans tous les cas, les États apparaissent toujours aussi absents. « Les forces armées locales et internationales sont incapables d’assumer l’ordre où que ce soit, qu’elles soient présentes ou non sur le lieu de l’événement. Pire, quand les forces locales sont présentes, elles ont pu donner parfois le sentiment d’être impliquées dans les violences d’une façon ou d’une autre. », analyse-t-il. Le général déplore aussi l’immobilisme des acteurs régionaux et internationaux « quoi que très présent[s] dans toute la zone (Alliance Sahel, Barkhane, G5 Sahel, Minusma, EUTM Mali, EUCAP Mali, EUTM Niger…), mais qui sont « étrangement silencieux » et semblent incapables « d’imaginer des réponses à hauteur du phénomène qui prend du volume ».
Le général n’hésite pas non plus à dénoncer l’inaction de la communauté internationale qui « comme à son habitude, constate, déplore, dénonce les faits passés, […] [même si] aucune action n’est proposée pour tenter de prévenir le dérapage à grande échelle qui nous attend ».