Par Clémence Cassé
Le secrétaire d’Etat Mike Pompeo a averti que les investissements chinois en Israël pourraient devenir un obstacle à la coopération entre les Etats-Unis et Israël, notamment en matière d’échanges de renseignements. Le Secrétaire d’Etat américain est particulièrement inquiet au sujet d’un accord qui permettrait à une entreprise chinoise de s’occuper d’un port israélien où les navires de l’US Navy s’arrêtent, notamment lorsqu’ils opèrent en Méditerranée orientale. La Chine est en effet connue pour utiliser les entreprises détenues par l’Etat pour espionner à l’étranger, notamment en ce qui concerne les systèmes technologiques que l’Etat chinois ne peut acquérir par transfert de technologies.
Mais si les Etats-Unis semblent prudents, leur relation avec l’Etat hébreu reste au beau fixe. Mardi dernier, le ministère de la Défense israélien, la firme israélienne Rafael (qui travaille au développement d’armes et de technologies militaires) et la Missile Defense Agency américaine ont conduit des tests de missiles dans le sud d’Israël. Ces tests sont menés dans le cadre d’un déploiement de troupes américaines en Israël pendant l’installation par les Etats-Unis d’un nouveau système avancé de défense antimissile. Lors de cet entraînement, ils ont pu intercepter plusieurs missiles balistiques à moyenne et longue portée. Ces tests réussis placent Israël « parmi les premiers mondiaux » en ce qui concerne la défense antimissile et montre les liens unissant Israël et les Etats-Unis alors que les tensions avec l’Iran et le Hezbollah restent en toile de fond, notamment avec le développement de missiles longue portée par Téhéran.
Cette proximité entre les deux pays pourrait même mener l’administration Trump à reconnaître la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan, territoire autrefois syrien, occupé par Israël depuis la guerre des Six Jours en 1967 et unilatéralement annexé en 1981. Dans un tweet, le président américain a déclaré que le plateau était d’une importance stratégique pour la sécurité de l’Etat d’Israël mais aussi pour la stabilité de la région. Cependant, reconnaître une souveraineté israélienne sur un territoire acquis par la guerre entre frontalement en contradiction avec la résolution 242 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Cette résolution, adoptée à l’unanimité après la guerre des Six Jours, souligne « l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la guerre » et demande le « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit ». Si Donald Trump venait à reconnaître la souveraineté d’Israël au Golan, les Etats-Unis perdraient toute légitimité à critiquer l’annexion russe de la péninsule de Crimée en 2014.
Néanmoins cette reconnaissance, qui romprait avec la ligne diplomatique traditionnelle de Washington, serait envisagée par l’administration américaine depuis quelques temps déjà ; l’argument israélien selon lequel l’Iran utilise le chaos syrien pour faire de la Syrie une base afin de mieux s’attaquer à Israël a fait mouche à la Maison Blanche et en partie au Congrès. Dans ce cas de figure, le Golan constituerait la ligne de front entre l’Iran et Israël. Pourtant, l’Etat hébreu agit déjà sans obstacle dans la région du Golan ; la potentielle reconnaissance américaine est donc interprétée comme un « boost » visant à maintenir Netanyahou au pouvoir alors que les élections, pas gagnées d’avance pour l’actuel président, se profilent.