L’Armée nationale libyenne du maréchal Haftar a annoncé ce 6 février avoir pris contrôle du plus grand champ pétrolifère du pays, situé à quelques 900 km au sud de Tripoli. Alors que l’ANL s’oppose politiquement au Gouvernement d’Union Nationale (GNA) reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, cette prise est d’un réel intérêt politique pour le maréchal Haftar. Cette prise de contrôle s’ancre plus largement dans une vaste opération militaire menée par l’ANL depuis mi-janvier dans le Fezzan (région du Sud), marqué depuis la chute de Mouammar Kadhafi par l’absence de contrôle étatique, l’insécurité et le développement de groupes rebelles et djihadistes, notamment composés d’étrangers. L’opération, visant officiellement à « purger [la zone] des groupes terroristes et criminels », s’est en ce sens récemment illustrée par l’élimination d’un cadre d’AQMI.
Prise stratégique, le gisement de Charara est en effet capable de produire 300 000 barils de bruts quotidiennement, soit un tiers de la production nationale. Cette prise représente une réelle opportunité pour l’ANL et Akakus, gestionnaire du site (joint-venture entre la National Oil Corporation (NOC), la compagnie espagnole Repsol, la compagnie autrichienne OMV, la compagnie norvégienne Statoil et le groupe Total). Bien que l’ANL soit soutenue dans cette opération par la France, l’Italie ou encore l’Égypte et l’Arabie saoudite, cette dernière n’est pas faite pour réduire les tensions entre les deux gouvernements. Face à l’avancée des troupes d’Haftar, le GNA a annoncé avoir nommé le général Ali Kana, ancien haut gradé du régime Kadhafi, à la tête de la région. Parallèlement, les troupes du maréchal font face à l’ethnie Toubou, minorité libyenne à la peau noire qui affirme être victime d’un « nettoyage ethnique ».