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Afghanistan: pourparlers et retrait partiel des forces américaines
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Par Clémence Cassé

 

Aux Emirats arabes unis, les États-Unis et les Talibans ont tenu des discussions, en début de semaine dernière, sur la paix en Afghanistan et se sont quittés sur la promesse de se réunir à nouveau dans un pays du Golfe afin de compléter le processus de réconciliation afghan. Les Talibans ont été emmenés à la table des négociations par le Pakistan bien qu’ils aient refusé la présence de négociateurs du gouvernement afghan : le dialogue s’est donc exclusivement effectué entre les Etats-Unis et les insurgés et s’est ainsi concentré sur la question du retrait des forces américaines et de l’Otan du pays. Pour les Talibans, le plus gros obstacle à la paix reste « l’occupation de l’Afghanistan ». Une agence de presse gérée par l’État émirati a annoncé mercredi que la conférence avait vu la naissance de « résultats tangibles et positifs pour toutes les parties concernées ».

 

Quelques jours seulement plus tard, jeudi 20 décembre, l’administration américaine sous l’impulsion du président Trump, a ordonné au Pentagone le retrait d’environ 7 000 soldats (soit environ la moitié du dispositif militaire américain en Afghanistan) du théâtre afghan sur les prochains mois. Cet ordre marque un changement brutal de la politique américaine en Afghanistan alors que la guerre y dure depuis 17 ans. La décision américaine a aussi surpris le gouvernement afghan qui n’avait pas été tenu au courant des intentions américaines. De fait, loin d’avoir donné des signes de retrait (en dépit des propos tenus par Donald Trump durant sa campagne), le Président américain avait en 2017, à l’issue d’un processus de consultations approfondies et suivant la suggestion de James Mattis, ordonné le déploiement de 4 000 soldats supplémentaires dans le cadre d’une stratégie volontariste fondée sur l’autonomisation et le renforcement des forces de sécurité et de défense afghanes.

 

Pour les Etats-Unis, ce retrait devrait permettre au gouvernement afghan de se reposer sur ses propres forces sans être tributaire d’un soutien occidental mais certains experts craignent que les troupes afghanes, déjà en difficulté contre les Talibans et Daech-Khorasan, ne soient pas en mesure de tenir seules après le retrait brutal d’une fraction aussi significative des forces américaines. Les fonctionnaires afghans, a contrario, affirment que ce retrait n’affectera que très peu la capacité de combat des forces de sécurité nationales afghanes, ce qui est totalement contradictoire avec le niveau historiquement élevé des pertes qu’elles ont subies cette année, malgré un renforcement notable de leurs capacités opérationnelles, si l’on s’en tient au rapport du SIGAR (Inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan). Il faut noter que la plupart des troupes américaines participent au soutien aérien des troupes afghanes qui se battent au sol ou bien à des missions de formation et de conseil.

 

Enfin, l’annonce de cette décision a pris place dans un contexte tout particulier : négociations bilatérales avec les Talibans (sans le gouvernement afghan), annonce du retrait des troupes américaines en Syrie suivie de la démission du Secrétaire à la Défense, James Mattis pour protester contre ce retrait, quelques heures seulement avant cette annonce concernant les troupes en Afghanistan. Cette série de décisions marque un réel tournant dans la politique américaine au Moyen-Orient.

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