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Engagement américain au Yémen : point de situation
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Par Clémence Cassé

 

 

Le Pentagone a annoncé qu’il allait facturer 331 millions de dollars supplémentaires à l’Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis après que les États-Unis ont facturé de manière insuffisante ces deux pays pour le ravitaillement aérien de leurs avions effectué par l’US Air Force dans le cadre de la campagne menée par la coalition contre les rebelles houthis.

 

C’est l’US Central Command qui a découvert ces erreurs de comptabilité (un manque de 36,8 millions de dollars pour le carburant et de 294,3 millions de dollars pour les heures de vol) et qui a notifié les deux partenaires de la volonté américaine de demander un remboursement à la hauteur des sommes dues par les deux pays. Une demande de Jack Reed, le chef de file des Démocrates au sein de l’Armed Services Committee du Sénat a déclenché l’enquête : il a soulevé la question de ces paiements en mars dernier dans une lettre à James Mattis signée par sept autres sénateurs démocrates. A l’annonce du Pentagone jeudi, Reed a déclaré que cet événement appelait à une surveillance plus stricte des comptes du Département de la Défense, une « bonne nouvelle pour le contribuable américain » selon lui.

 

Jeudi, alors que le Pentagone faisait cette annonce, le Sénat a voté pour mettre un terme au soutien américain à la coalition menée par l’Arabie Saoudite dans la guerre au Yémen. Ce vote est un « blâme » historique et symbolique adressé à la Maison Blanche mais aussi à l’Arabie Saoudite.

 

L’adoption de cette résolution, à 58 voix contre 41, marque la première occurrence où l’une des deux chambres américaines utilise ses pouvoirs en matière d’autorisation des opérations extérieures afin de mettre un terme à l’engagement américain dans un conflit hors de son territoire. Elle représente également une victoire pour les Démocrates qui ont reçu le soutien de sept sénateurs républicains. Bernie Sanders, l’un des tenants de la résolution espère que son adoption signe le début d’un réinvestissement du Congrès dans ses responsabilités concernant la guerre : « La guerre au Yémen n’est pas autorisée et ainsi, cette guerre est inconstitutionnelle. Et cela doit s’arrêter ». Pour que la résolution prenne effet et que la guerre s’arrête, il faudra d’abord qu’elle soit aussi adoptée par la Chambre des Représentants où les Républicains sont majoritaires jusqu’en janvier. Et même si les Démocrates pourront réintroduire la résolution après leur prise de contrôle de la Chambre, la Maison Blanche a déjà menacé cette résolution d’un veto.

 

Le succès de cette résolution émane en partie des nombreuses critiques américaines à l’encontre du gouvernement saoudien et tout particulièrement contre Mohammed ben Salmane. Ainsi, le Sénat a également voté, à l’unanimité, l’adoption d’une résolution nommant le prince héritier comme responsable du meurtre de Jamal Khashoggi. La résolution affirme aussi que les déclarations de l’Arabie Saoudite et sa politique étrangère erratique ont affaibli la relation entre le royaume et les Etats-Unis, relation pourtant importante pour la sécurité nationale et les intérêts économiques américains.

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