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Fin des missions de défense anti-missile pour la Navy ?
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Le chef des opérations navales (CNO), l’Amiral Richardson, a exprimé son souhait de ne pas poursuivre les missions de défense anti-missile (Ballistic Missile Defense ou BMD) qui sont aujourd’hui assignées à la Navy. Alors que six navires multi-missions sont monopolisés pour exécuter cette tâche, le CNO déplore l’inadéquation entre les capacités potentielles de ces navires et leur apport réduit dans le cadre des missions anti-missile. Ces remarques sont symptomatiques d’un certain paradoxe entre la stratégie navale du Pentagone, qui est pour la Navy d’être là où on ne l’attend pas quand on ne l’attend pas, et la posture permanente et statique nécessaire aux missions BMD. Ainsi, si la situation peut s’expliquer par l’urgence de la menace, elle ne peut être une solution à long terme selon l’Amiral : « s’il y a un besoin urgent de proposer une défense anti-missile, nous sommes là. Mais cela fait déjà dix ans, il est temps de construire quelque chose sur terre pour défendre la terre. […] je veux sortir du système de défense anti-missile à long terme et passer à une défense dynamique ». 

 

Ces propos mettent en avant le tiraillement de la stratégie américaine. D’un côté, la flotte américaine est d’autant plus appelée à agir contre des puissances navales concurrentes telles que la Chine ou la Russie, et la posture nécessaire à la BMD n’est pas en adéquation avec ces menaces. Ainsi, la 7ème flotte américaine, basée dans le Pacifique-Ouest, accuse aujourd’hui un retard en matière de formation, une partie de l’entraînement étant sacrifiée en faveur des missions BMD dirigées notamment contre la menace nord-coréenne. A l’inverse, Richardson est plutôt favorable à une focalisation des capacités BMD de la Navy pour son propre compte, et non plus pour la défense contre des frappes de missiles à objectif terrestre. D’autre part, la stratégie américaine est aujourd’hui préoccupée par la menace balistique, tant et si bien que la Missile Defense Review (MDR), dernier né des documents stratégiques de l’administration Trump, est particulièrement attendue (tout en étant particulièrement en retard). Cette préoccupation était déjà affichée dans le National Security Strategy (NSS) (décembre 2017) dans les termes suivants : « Les Etats-Unis déploient un système de défense anti-missile concentré sur la Corée du Nord et l’Iran pour défendre notre patrie contre une attaque de missile. Ce système inclut la capacité de détruire la menace missile avant le lancement. Améliorer le système de défense anti-missile n’a pas pour but d’ébranler la stabilité stratégique ou de perturber la longue relation stratégique avec la Russie et la Chine ». La future MDR, tout en répondant à ces deux prérogatives, devra également répondre à la question que soulève l’amiral Richardson : quelle posture pour la Navy dans les missions BMD ?

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