Le 12 mai dernier, la coalition menée par le dignitaire chiite Moqtada al-Sadr arrivait en tête des élections législatives irakiennes sur une ligne anticorruption et grâce à une coalition avec la liste communiste. Les grandes manœuvres débutèrent alors pour réunir les 165 sièges nécessaires pour obtenir la majorité au Parlement. Mardi 12 juin, après une possibilité d’alliance avec une liste sunnite, Moqtada al-Sadr a annoncé s’allier avec le parti Fatah du leader pro-iranien Hadi al-Ameri, arrivé en deuxième place aux législatives.
Hadi al-Ameri, leader de la brigade Badr intégrée au PMF (puissantes milices chiites) est réputé être l’homme de l’Iran. Téhéran était initialement opposé à cette union avec Moqtada al-Sadr réputé incontrôlable et qui avait ces dernières années multiplié les gestes envers l’Arabie Saoudite pour lutter contre l’influence iranienne en Irak. Qassem Souleimani, général de la force al-Qods, aurait finalement autorisé al-Ameri à se joindre à cette alliance. La coalition menée par Moqtada al-Sadr rassemble finalement un panel politique important, dont les deux principaux partis du Kurdistan irakien et même l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki. Conscients des craintes créées, les deux protagonistes ont vite annoncé la formation future d’un gouvernement « non-confessionnel ». Karim al-Nuri, proche d’Hadi al-Ameri, a déclaré « la nouvelle coalition est en accord avec les visions iranienne et américaine », soit une continuité avec l’ensemble des gouvernements depuis 2003 qui se sont attelé à conserver le rapport de force.
Les Américains ainsi que l’ensemble des chancelleries européennes ont accueilli avec une grande déception les résultats législatifs qui devraient mettre fin au mandat d’Haïder al-Abadi, Premier ministre depuis 2014 et allié indéfectible de la Coalition contre l’Etat islamique. Ainsi Haïder al-Abadi serait exclue de la nouvelle majorité. Le nouveau gouvernement irakien devrait être nommé à la fin du mois de juin.