L’aviation américaine est aujourd’hui une aviation endeuillée : seize morts en trois semaines, non pas sous le feu de l’ennemi, mais bel et bien en exercice ou dans des missions de routine. En réalité, ce chiffre macabre est la partie émergée de l’iceberg pour l’aviation américaine. Les accidents d’aéronefs toutes armées confondues ont augmenté de 40% sur les cinq dernières années, provoquant la mort de 133 militaires, selon le Military Times. Ceci s’expliquerait par un outil soumis à de fortes pressions, contraint par les coupes budgétaires successives engagées depuis 2013, usé par l’intensification de l’utilisation de l’aviation américaine en opérations.
Ainsi, pour la seule Navy, les incidents de tous types touchant ses F-18 Super Hornet ont doublé durant ces cinq années. Nonobstant, le porte-parole du Pentagone, le lieutenant-general McKenzie s’est refusé, dans une conférence de presse du 5 avril, à qualifier de « vague » ou de « crises » cette série d’accidents. De leur côté, la Navy et le corps des Marines se sont exprimés sur les récents crashs ayant touché majoritairement leurs armées. Le général Glenn Walters de l’USMC a affirmé que « l’aviation, comme nos bateaux, ont été sous pression pendant les quinze à seize dernières années, alors que nous les utilisons deux à trois fois plus que ce que nous avions prévu ».
Le vice-amiral Bill Merz, chef adjoint des opérations navales pour les systèmes de combat de la Navy a quant à lui tiré la sonnette d’alarme sur ce problème qui n’était pas propre à l’aviation mais touchait également la flotte de surface ainsi que la flotte sous-marine. Il faut se souvenir que l’année 2017 avait été entachée par la collision accidentelle de deux bâtiments de surface, causant la mort de 17 marins. Dans un mémo envoyé à la presse, le Secrétaire à la Défense a requis la plus grande discrétion des médias sur le sujet : « Alors qu’il peut être tentant durant la période du budget de publier le problème de préparation, nous devons nous souvenir que nos adversaires regardent eux aussi les actualités ».
Cette crise émerge alors que James Mattis était attendu ce jeudi devant le Congrès pour s’exprimer sur le budget fédéral et que, dans la foulée, les officiers de l’aviation des quatre armées devaient être entendus devant la commission de tactique aérienne et terrestre sur leur requête budgétaire pour l’année 2019. Interrogé sur le sujet, le SECDEF a répondu aux membres du Congrès que les forces ne pourraient simplement réparer leurs équipements défectueux mais devraient acquérir de nouvelles solutions sur étagère, avant d’ajouter, « nous sommes pleinement conscients que nous devons proposer une force plus opérationnelle ».