Par Xavier Marié
Le général Joseph Dunford, Chairman of the Joint Chiefs Staff (équivalent du CEMA) s’est entretenu avec la presse à l’issue du sommet des ministres de la Défense de l’Otan qui se tenait la semaine dernière à Varsovie. Plusieurs éléments saillants peuvent être retenus de son intervention. Il a d’abord décrit la stratégie russe comme visant à saper la crédibilité de Washington en matière d’engagements auprès de ses alliés et partenaires avec pour finalité l’érosion de la cohésion de l’Otan. Selon lui, Moscou entend également développer et déployer des capacités rendant plus difficile la projection de puissance américaine sur le continent. C’est ainsi qu’il faut lire les déploiements de moyens A2/AD (anti-accès et interdiction de zone) dans l’enclave de Kaliningrad. Il a souligné le fait que l’Otan a pris une conscience aiguë de la menace posée par Moscou et que l’alliance avait désormais adopté une posture claire de dissuasion conventionnelle et d’afficher ses capacités défensives collectives.
Ensuite, devant la posture volontariste de Pékin en Mer de Chine méridionale, se traduisant par la militarisation d’îles contestées et la montée en puissance militaire de la Chine dans le Pacifique, le général Dunford a redit la nécessité pour les Etats-Unis de conduire des opérations de liberté de navigation (FONOPs), afin d’éviter la transformation de « revendications illicites en réalités de fait ». Il s’agit d’apporter un soutien à l’ordre international fondé sur le droit, mis à mal par les actions de Pékin.
En ce qui a trait à la situation au Levant, il a souligné l’affaiblissement de Daech mais pointé le risque de mutation vers une stratégie et des modes opératoires de guérilla insurrectionnelle visant à conduire des attaques de haut niveau mais très localisées du fait de la réduction des capacités de mobilité des combattants islamistes. Il a rappelé que la menace principale pour les Etats occidentaux était l’influence idéologique de Daech sur leur territoire respectif.
Il a enfin témoigné sa satisfaction devant le budget 2019 de la Défense, qui confère « un niveau de financement suffisant » et traduit selon lui l’engagement des pouvoirs exécutif et législatif à la bonne réalisation des missions assignées aux Armées.