La situation économique au Levant, région déjà très sinistrée, s’est encore aggravée à cause de la crise sanitaire. La semaine passée, la devise syrienne a connu une très forte dévaluation un dollar pouvait valoir près de 3 000 livres syriennes. Ainsi, les conditions de subsistance des Syriens, qu’ils soient loyalistes ou rebelles, se sont largement dégradées. Face à l’effondrement de leur niveau de vie, déjà fortement impacté par la guerre civile toujours en cours, de nombreux Syriens sont descendus dans les rues. Si la contestation des autorités en place est largement partagée, qu’il s’agisse du gouvernement de Salut de Hayat Tahrir al Sham ou de Bachar al-Assad, Idlib fait office d’exception. Partiellement sous autorité d’Ankara, le nord-ouest syrien utilise la livre turque. Des images de liasses de livres turques livrées à Idlib ont été partagées ce week-end. Le prix du pain dans la région vient d’être défini en livre turque et non plus syrienne. La « turquisation » des zones syriennes sous contrôle d’Ankara se renforce donc.
Néanmoins, le cas de la Syrie n’est pas isolé. Le Liban n’a pas été épargné. Les mobilisations pacifiques du début de la semaine ont laissé place depuis jeudi dernier à des situations d’émeutes, notamment au centre de Beyrouth, marquées par des affrontements avec les forces de l’ordre, et l’incendie ou la dégradation de mobilier urbain et même d’immeubles, à l’instar de cette annexe de la Banque centrale libanaise dans la ville de Tripoli. Deux raisons semblent expliquer ces violences. D’une part, la contestation des différentes communautés croît depuis plusieurs mois pour la désignation d’un gouvernement efficace. D’autre part, la devise libanaise a perdu plus de 70% de sa valeur face au dollar (entre 4 et 6 000 livres pour un dollar cette fin de semaine), plus de 40% des habitants vivent désormais sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage est estimé à 35%. Une union des désœuvrés, dépassant le clivage confessionnel, pourrait finir par émerger à terme au Liban.