En l’espace d’une semaine, l’Armée Nationale Libyenne (ANL), commandée par le maréchal Khalifa Haftar, a quasiment été chassée de Tripolitaine. A la suite de la prise de la base aérienne d’al-Watiyah, dans l’ouest du pays, les forces du gouvernement d’union nationale (GNA) ont poursuivi leur avance vers l’est.
Le siège de Tripoli a été brisé en début de semaine, tandis que les bases de Tarhuna et Bani Walid (respectivement situées à 80 km et à 170 km au sud de Tripoli) étaient tour à tour évacuées par l’ANL et conquises dans la nuit du 4 au 5 juin par le GNA de Fayez el-Sarraj. Celles-ci constituaient les dernières bases arrière de l’ANL.
Cette prise stratégique marque la fin de l’offensive menée par le maréchal depuis avril 2019 sur la capitale et acte de la reprise de l’initiative du GNA sur le terrain. Ce dernier a en effet annoncé le 6 juin une opération contre la ville de Syrte, verrou stratégique entre l’est et l’ouest libyen, voie d’accès vers le désert, porte d’entrée à l’ouest du croissant pétrolier libyen et débouché des principaux terminaux pétroliers libyens. La présence de l’ALN dans cette ville faisait par ailleurs peser une menace directe sur le port de Misrata, organe vital du GNA qui accueille un va-et-vient constant de navires turcs.
Les gains militaires du GNA appuyé par la Turquie semblent se transposer au niveau diplomatique : le retrait du maréchal Haftar de Tarhuna a été présenté par son porte-parole comme un geste de bonne volonté dans le cadre de la reprise, annoncée le 3 juin par l’ONU, des négociations du comité militaire, constitué de cinq membres des deux parties et chargé de mettre en place un cessez-le-feu. Parmi les parrains du maréchal, la Russie et l’Égypte se sont d’ailleurs aussi prononcés en faveur d’un arrêt des combats. Le second a même proposé, avec l’accord de l’ANL, la mise en place d’un cessez-le-feu à partir du lundi 8 juin, nommé la « Déclaration du Caire » et appelé à un soutien international pour appuyer les négociations inter-libyennes. Un positionnement qui trahit la faiblesse du maréchal, alors que le GNA et le président turc Recep Tayyip Erdogan refusent toute implication de ce dernier dans les pourparlers.