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Le commandement pour l’Indo-Pacifique présente ses besoins au Congrès
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L’amiral Philip Davidson, commandant l’Indo-Pacific Command (INDOPACOM), a présenté au Congrès une liste de ses besoins. Il s’agit d’une réponse à une demande des législateurs américains qui souhaitent évaluer précisément ce dont aurait besoin ce Commandement pour mettre en œuvre la stratégie de défense nationale (NDS), afin de contrer la montée en puissance de la Chine. Le rapport de l’amiral Davidson pourrait servir de base à la création d’un fond spécifique dédié à la compétition avec Pékin. Cette Pacific Deterrence Initiative (PDI), serait l’équivalent pour l’Indo-Pacifique, de l’European Deterrence Initiative (EDI) visant à contrer la menace russe en Europe. Cette idée, évoquée depuis longtemps, gagnerait en popularité au sein du Congrès.

Le plan de l’amiral Davidson est ambitieux, il représente un investissement de plus de 20Mds$ sur les six prochaines années et s’articule autour de cinq catégories.

 

1) La létalité de la force interarmées (env. 6Mds$)

Cette rubrique implique notamment de :

– doter la base de Guam d’un système de défense anti-aérienne à 360° intégré et robuste ;

– mieux intégrer les capacités de frappe longue portée de la Navy (missile Tomahawk) et de l’Air Force (missile JASSM-ER) ;

– doter Hawaii d’un radar permettant la détection des menaces balistiques, hypersoniques et des missiles de croisière ;

– disposer d’un radar basé dans l’espace permettant le suivi des menaces globales.

 

2) Le concept et la posture de force (env. 6Mds$)

Il s’agit de renforcer les investissements en matière d’infrastructures dans la région afin de gagner en résilience et de réduire les vulnérabilités actuelles. L’enjeu est d’étendre et disperser la présence militaire américaine pour sortir de la configuration actuelle centrée sur quelques grandes bases qui constituent des cibles manifestes.

 

3) Le renforcement des alliés et partenaires régionaux (env. 4Mds)

Cette dynamique de renforcement suivrait deux axes de force.

Premièrement, la création d’un environnement de travail avec les partenaires impliquant le recours à des technologies de cloud, l’intégration des systèmes et la sécurisation des communications afin de disposer de capacités C3 efficaces (commandement, contrôle et communications).

Deuxièmement, la création de trois « centres de fusion » afin de travailler avec les alliés sur des sujets spécifiques, à l’instar de la cellule de travail sur le contre-terrorisme impliquant notamment Singapour.

 

4) Exercices, expérimentations et innovation (env. 3Mds$)

Il s’agit de financer des exercices et expérimentations (tests de nouvelles armes notamment). Les exercices doivent être axés sur le combat interarmées et multidomaines de haute intensité face à un adversaire d’un haut niveau technologique.

 

5) Logistique et effecteurs de sécurité (env. 5Mds$)

Il s’agit d’une catégorie très large regroupant l’ensemble des besoins logistiques du Commandement, allant des capacités de réparation (systèmes d’armes, pistes aériennes) au stockage du carburant en passant par la mobilité et l’approvisionnement en munitions ou le C4I (commandement, contrôle, communications, informatique et renseignement).

 

Dès lors, il s’agira de voir ce que le Congrès décide de faire de ce rapport dont la commande traduit une inquiétude croissante des législateurs américains. L’idée de la création d’une PDI semble recueillir un soutien de la part de plusieurs élus républicains, notamment Adam Smith, président du Comité de la Chambre pour les Forces Armées (HASC). La question qui demeure est celle d’un éventuel consensus bipartisan face à la rivalité croissante avec Pékin. Une telle issue n’aurait rien d’irréaliste, et constituerait une actualisation du virage stratégique entériné par la National Defense Strategy de 2018.

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