Suite à une erreur s’étant glissée dans notre lettre hebdomadaire, veuillez trouver ci-joint le rapport du pôle Russie sur l’actualité stratégique et de défense pour la semaine du 11 au 17 décembre !
- Turquie-Russie : les négociations des S-400 dans le viseur des États-Unis
Le nouveau contrat d’installation des systèmes de défense russes antiaériens S-400 comprend leur production conjointe et des transferts de technologie, selon un informateur du ministère turc de la Défense. Le contrat se décompose en deux parties. La première renvoie au complexe du premier régiment de S-400, déjà été installé en Turquie. Son personnel est en cours de formation, le système devrait être opérationnel pour avril 2020. Ceux-ci sont arrivés en Turquie alors que leur production avait été entièrement achevée en Russie.
Les négociations en cours ont pour objet le second volet du contrat entre les deux États, dont la production conjointe d’une partie des systèmes S-400. La Russie avait rempli sa partie du contrat en 2019 avec la livraison de quatre divisions de S-400 installées en Turquie pour la somme de 2,5 milliards de $. En réaction, Washington a exigé l’abandon de l’accord russo-turc et a recommandé l’achat de systèmes américains Patriot. Les États-Unis ont par ailleurs exprimé leur volonté de maintenir la Turquie dans leur giron : la menace plane autours de la vente des tout derniers chasseurs F-35 accordée à Ankara. La Turquie a cependant refusé toutes concessions.
- Russie-Mali : Des consultants russes à Bamako
Dans le prolongement du sommet Russie-Afrique de Sotchi du mois d’octobre 2019, Vladimir Poutine entend renforcer sa présence sur le continent africain, en passant par le Mali. C’est par le biais de la société Wagner que des consultants russes ont été aperçus à Bamako, capitale du Mali. Présents en Libye, ces vétérans de l’armée et du renseignement russes représentent les intérêts de Moscou. Ce déploiement survient après que le Kremlin ait fait don de deux hélicoptères MI-35 au gouvernement malien, avec la promesse d’autres contrats de vente d’armes à venir. Comme en Libye, le pays est en proie à une guerre difficile face au terrorisme. La force française opérant déjà sur ce sol au sein de l’opération Barkhane, la Russie montre qu’elle ne se ferme aucune porte et qu’elle reste dans une optique de conquête du continent africain, par la vente d’armes et le mercenariat.
Cette stratégie prend son fondement dans un accord de coopération militaire, signé en juin 2019 avec le général malien Ibrahim Dahirou. Le ministre de la Défense russe, Sergei Choïgou déclarait alors : « L’intensification des liens militaires est dans l’intérêt de nos deux pays. La Russie est prête à contribuer à la normalisation de la situation au Mali et à la création de conditions pour une paix et une stabilité durables ». Présents depuis quelques semaines au Mali, le groupe Wagner devrait offrir une formation technique à plusieurs unités maliennes. Le but serait de préparer l’armée malienne à manier l’équipement russe afin de permettre l’acheminement de nouveaux véhicules vers ce pays, par le biais de contrats d’armement. Officieusement, des haut-gradés français craignent que les Russes viennent saper la notoriété des troupes de l’opération Barkhane auprès des populations.
Présents en Libye, dans le Mozambique, en Syrie et au Mali, le groupe Wagner affiche plus que jamais sa volonté d’étendre la sphère d’influence russe et de faire en sorte que le gouvernement de Vladimir Poutine soit invité à toutes les tables de négociation diplomatique.
- Ukraine: prolongation du statut spécial du Donbass
Le 16 septembre 2014, la Verkhovna Rada, le Parlement ukrainien, portait la création d’un statut spécial d’autonomie locale pour le Donbass. Ce statut confère aux Républiques séparatistes de Louhansk et de Donetsk une plus grande autonomie, dotée d’un caractère institutionnalisé, afin de favoriser la reconstruction de la région. Toutefois, il ne s’agit pas pour autant d’un transfert par Kiev de l’administration de la région au pouvoir séparatiste. D’une validité de trois ans après son entrée en vigueur, le statut spécial du Donbass prévoie d’autoriser la langue russe dans l’administration, l’organisation d’élections locales au mois de novembre, la nomination par le Donbass des fonctionnaires de la justice. En ce sens, cette marge de manœuvre, bien que ne permettant pas à l’Ukraine de recouvrer sa souveraineté, doit poser les jalons de la paix. Cette loi portant création d’un statut spécial fait partie des engagements pris par l’Ukraine dans le cadre des accords de Minsk, au même titre que le respect du cessez le feu et du retrait des forces. Mais ce statut d’autonomie a été, dans le même temps, source d’inquiétudes pour le pouvoir ukrainien, craignant que ce statut ne vienne davantage bloquer la situation au regard de l’implantation durable et politique de la Russie dans ces régions à l’indépendance autoproclamée.
Jeudi 12 décembre dernier, Volodymyr Zelensky a déclaré que le statut spécial du Donbass sera prolongé d’un an. En 2018, la Rada avait déjà reconduit le statut jusqu’au 31 décembre 2019.