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La présence militaire américaine en Corée du Sud menacée par les nouvelles exigences financières du président Trump ?
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La présence militaire américaine en Corée du Sud menacée par les nouvelles exigences financières du président Trump ?

Si l’engagement des Etats-Unis dans la défense collective européenne est rendu moins lisible par les déclarations contradictoires de Donald Trump sur l’Alliance atlantique et ses exhortations à ce que les Etats-membres accentuent leurs efforts budgétaires en matière de défense, ce schéma se retrouve dans le partenariat stratégique et historique qui lie Washington et Séoul.

 

En effet, selon CNN, le président Trump a exigé de son allié sud-coréen qu’il paie en 2020 une somme quatre fois plus importante (soit 4,7Mds$) pour couvrir les coûts de la présence militaire américaine dans le pays.
Au plan interne, cette déclaration du Président américain a suscité l’inquiétude des élus des deux bords, et a surtout pris de court les responsables du Pentagone et du Département d’Etat (dont aucun n’a pour l’instant confirmé les chiffres avancés) qui se sont vus dans l’obligation de trouver de nouveaux postes de dépenses pour justifier cette hausse brutale et massive. Ces coûts pourraient inclure en particulier tous les déploiements américains temporaires au titre d’exercices ; ils pourraient également couvrir davantage de dépenses des personnels américains stationnés en Corée du Sud. L’un des arguments défendus par un responsable de l’administration Trump est que le financement actuel ne serait pas proportionnel à la puissance économique de la Corée du Sud, et qu’une telle hausse lui permettrait de participer pleinement à sa propre sécurité.

 

Au plan externe, elle a fait naître à Séoul une vive inquiétude sur l’éventualité d’un retrait des forces américaines en cas d’impossibilité pour la Corée du Sud de faire face à cette nouvelle exigence financière. Cette crainte vient alimenter un questionnement grandissant dans la péninsule sur la fiabilité de l’alliance américaine, justifiée par la volonté jusqu’à présent inchangée de Donald Trump de parvenir à un accord sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, malgré l’impasse à laquelle les négociations semblent avoir abouti, et la pression croissante exercée par Pyongyang.

 

Scott Synder, directeur du programme Etats-Unis-Corée du Sud au Council on Foreign Relations, suppose même que cette hausse des demandes financières faite à Séoul pourrait viser à créer un prétexte pour justifier un retrait des forces américaines de Corée du Sud. De fait, si des hausses du financement sud-coréen allant de 5 à 10% avaient déjà été obtenues par les Etats-Unis, elles étaient incommensurables avec les chiffres avancés par Donald Trump. Ce dernier avait par ailleurs durant sa campagne, déclaré qu’il retirerait les forces américaines du territoire coréen si Séoul ne finançait pas l’entièreté de leur présence, et surtout, en 2019, il avait déjà demandé une hausse de 50%, que l’administration américaine avait réussi à réduire à 8%.

 

En tout état de cause, l’outrance de cette exigence financière fait résolument peser un doute sur la crédibilité de l’alliance américaine, même s’il convient de rappeler que souffler le chaud et le froid constitue l’un des ressorts majeurs de la négociation trumpienne. Et c’est dans ce contexte de vives tensions interalliées que le secrétaire à la Défense Mark Esper s’est rendu vendredi en Corée du Sud où il a rencontré son homologue Jeong Kyeong-doo. Selon ce dernier, les deux ministres de la Défense ont réaffirmé l’engagement des Etats-Unis dans la défense de Séoul et dans les efforts de dénucléarisation. Ils se seraient également entendus sur le fait que le partage des coûts de la présence militaire américaine sur le sol sud-coréen, en cours de négociation, devait être juste et faire l’objet d’un accord mutuel. La voie n’en semble pas prise, et les prochains mois diront si l’administration américaine parvient à nouveau à tempérer les exigences présidentielles dont l’imprévisibilité semble toujours davantage prendre de court tant le Département d’Etat que le Pentagone, suscitant doutes et inquiétudes parmi les partenaires et alliés de Washington.

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