Par Naël Madi
En septembre et à la fin octobre se sont tenues les deux étapes des exercices militaires aériens conjoints entre la Russie et la Serbie nommés « Bouclier Slave 2019 ». Ces entrainements ont consisté à l’exercice et au partage d’expérience entre les forces aériennes et de protection anti-aérienne des deux pays.
La première phase s’est tenue au sud de la région russe d’Astrakhan (limitrophe au Kazakhstan) et la seconde sur la base aérienne serbe de Batajnica (près de la capitale Belgrade). Il s’agit de la première édition de cet exercice conjoint. La seconde phase en Serbie a donné lieu au premier déploiement du système anti-missile S-400 en dehors de la Russie sous commandement russe. Il était accompagné du système anti-aérien Pantsir-S. Les exercices ont mis aux prises la flotte aérienne serbe contre les systèmes anti-aériens russes sous les yeux du président de la République de Serbie. Selon l’agence russe Tass, cet exercice se serait soldé par la destruction de 14 avions de chasse serbes en l’espace de trois minutes, touchés par les 26 missiles tirés par les S-400. Cette suprématie s’explique d’abord par la vétusté des forces aériennes serbes qui ne comptent pour meilleur appareil que le MIG-29 mis en service en 1982. Les 14 MIG-29 serbes sont de plus de seconde main, ayant été concédés gratuitement par la Russie et la Biélorussie. Cet exercice conjoint vient conforter le partenariat stratégique entre les deux nations slaves et ont entraîné des répercussions diplomatiques importantes. Face à la démonstration russe, le président serbe, Aleksandar Vucic, s’est prononcé en faveur de l’achat par son pays du système de défense S-400 qui lui permettrait de couvrir l’ensemble des Balkans. Cependant, il a annoncé que son pays n’avait pas les fonds nécessaires pour l’acquérir mais que si la Russie souhaitait en faire cadeau à la Serbie, il l’accepterait. Cette prise de position a entrainé une réaction rapide de l’envoyé spécial des Etats-Unis pour les Balkans à la télévision macédonienne. Ce-dernier a affirmé que tout achat des S-400 par un pays entrainerait des sanctions financières et militaires à son encontre. Cette prise de position américaine a poussé le président de la Serbie à revenir sur sa déclaration et à affirmer que son pays n’achèterait aucun armement inscrit sur « une liste de sanction ».
A noter que la Serbie a d’ores et déjà acquis quatre batteries anti-aériennes russes Pantsir-S1, dont la première a été livrée lors de l’exercice Bouclier Slave, sans entraîner de condamnation américaine ni européenne.