Le samedi 14 septembre, l’Arabie Saoudite était victime d’une frappe non-identifiée sur les sites de production pétroliers détenus par l’ARAMCO à Khurais et Abqaiq. Quelques heures après, les Houthis revendiquaient cette attaque affirmant l’avoir effectuée à l’aide de dix drones dans le cadre de leur campagne d’« équilibre de la dissuasion » ; un coup de force sans précédent dans l’histoire de la guerre civile au Yémen.
Les Etats-Unis ont, quant à eux, aussitôt accusé l’Iran d’être derrière ces agissements. Via Twitter, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a affirmé de manière énergique que : « Rien ne prouve que ces attaques venaient du Yémen. Téhéran est derrière une centaine d’attaques contre l’Arabie saoudite tandis que [le président] Rohani et [le ministre iranien des Affaires étrangère] Zarif prétendent s’engager dans la diplomatie. Au milieu de tous ces appels à une désescalade, l’Iran vient de lancer une attaque sans précédent contre l’approvisionnement énergétique de la planète ». La République Islamique a immédiatement nié toute implication dans ces événements.
Les Houthis, s’ils ont revendiqué les attaques, n’ont, par contre, pas précisé le type de drone utilisé. Les Nations Unies avaient tout de même indiqué qu’il était possible que les rebelles yéménites soient en possession de drones UAV-X d’une portée supérieure à 1200 km. Les premières constatations sur place faites par l’ARAMCO ne plaident pas en faveur de cette hypothèse, des missiles sembleraient plus à même d’être à l’origine des dégâts.
Si les Houthis disposent bien depuis le milieu de l’année de missiles Quds-1 opérationnels – mis au point par eux sur le modèle du missile Soumar iranien – ceux-ci ne semblent pas être en capacité de couvrir les quelques 1200km qui séparent le nord du Yémen houthi de la raffinerie d’Abqaiq. De fait, ce lundi 23 septembre, le président français, la chancelière allemande et le premier ministre britannique ont signé un communiqué, chaleureusement accueilli par le secrétaire d’Etat Pompeo, dans lequel ils affirment que « l’Iran porte la responsabilité de cette attaque. Il n’y a pas d’autre explication plausible ».
Ces attaques, et l’incertitude quant leur auteur, viennent bouleverser les équilibres du golfe persique déjà bien précaires depuis le printemps dernier. La production pétrolière du royaume des Saoud est temporairement réduite de moitié, portant un coup sérieux à son équilibre financier. Les Etats-Unis ont, par ailleurs, décidé de renforcer leur présence militaire dans le golfe persique, présence déjà rehaussée en mai lorsqu’il avait été question des menaces iraniennes sur les intérêts américains. Une batterie anti-missile Patriot PAC-3 doit être envoyée.
Le bras de fer opposant l’Iran et les Etats-Unis devient de plus en plus délicat à gérer. L’Iran ne paraît pas plier sous la pression qui ne fait qu’augmenter. Les trois dirigeants occidentaux, dans leur communiqué du 23 septembre, ont ainsi insisté pour que l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) soit respecté afin d’œuvrer collectivement au maintien de la stabilité et de la sécurité régionale.
D’autre part, les pourparlers engagés avec les Houthis, confirmés le 5 septembre par le diplomate américain de haut-rang David Schenker, semblent être mis à mal par ces attaques. Les Houthis, s’ils n’en sont probablement pas les auteurs, démontrent par leur revendication la force de leurs liens avec Téhéran. Ainsi hier, samedi 28 septembre, les rebelles Houthis ont déclaré avoir mené une attaque majeure près de Najran en Arabie Saoudite dans laquelle ils auraient défait trois brigades ; une opération pour laquelle il est pour le moment impossible de vérifier la véritable portée.