Selon la Cour des comptes de l’Union Européenne, la défense à l’échelle communautaire souffre de l’insuffisance des capacités militaires des Etats membres et du manque de coopération entre ces derniers. La Cour déplore à cet égard l’absence de normes techniques communes.
Les mécanismes récents, tels que le Fonds européen de la défense, la Coopération structurée permanente (CSP) ainsi que l’Examen annuel coordonné en matière de défense (EACD), couplés à la hausse proposée du budget de la défense des Etats membres, ne constitueraient pas à eux seuls un gage d’efficience de la défense européenne. Les auditeurs pointent entre autres le déficit de processus de planification à l’échelle communautaire et de cadre concernant la gouvernance et l’obligation de rendre compte.
La complémentarité des initiatives de défense européenne avec l’OTAN ne serait pas assurée, laissant subsister des risques de double emploi. Certains concepts, notamment ceux d’« autonomie stratégique » et d’« armée européenne », sont en outre jugés « vastes et flous », dans la mesure où la défense reste liée à la souveraineté des Etats membres, qui ont en la matière des priorités et des objectifs divers. A cet égard, la Cour insiste sur le rôle des Etats-membres, « central dans l’architecture de défense européenne ». La possibilité d’un Brexit sans accord fait sourdre de nombreuses inquiétudes : les dépenses du Royaume-Uni en matière de défense représentent près d’un quart des dépenses totales des Etats membres.
La Commission européenne propose d’augmenter considérablement le budget de l’Union Européenne alloué à la défense : 22,5 milliards d’euros pour la période 2021-2027 contre 2,8 milliards pour la période 2014-2020 ; multiplication du budget du Fonds européen de la défense par 22 par rapport à l’actuel septennat, afin d’atteindre un montant de 13 milliards d’euros en 2027. Cettedémarche implique un risque de performance, notamment lié aux processus de planification au sein de l’Union Européenne qui induisent un « manque d’efficience associé à la duplication des processus », et à l’inadéquation probable des systèmes de contrôles actuels à une telle hausse budgétaire.
Le document d’analyse de la Cour des comptes de l’UE est consultable en son intégralité ici.