Par Xavier Marié
Jeudi 18 juillet, le président Trump a annoncé que le navire d’assaut amphibie USS Boxer, qui évoluait dans le golfe d’Ormuz, avait abattu un drone iranien dans le cadre de mesures défensives. Par la suite, le Central Command a précisé qu’un deuxième drone avait fait l’objet de ces actions d’autodéfense. Cet incident, qui marque un regain de tensions entre Washington et Téhéran alors qu’un drone américain de surveillance haute altitude/longue endurance RQ-4 Global Hawk (probablement dans une version navalisée de patrouille maritime – MQ-4C Triton) avait été détruit par les forces des Gardiens de la Révolution Islamique (IRGC) le 20 juin, au-dessus du détroit d’Ormuz. Au-delà de la passe d’armes rhétorique et diplomatique à laquelle cet événement a donné lieu, Téhéran niant avoir perdu tout drone, l’incident revêt un intérêt certain d’un point de vue technologique et tactique.
En effet, plusieurs sites spécialisés ont relevé que le drone iranien avait été détruit non par des moyens classiques (missiles, artillerie) mais par des mesures de guerre électronique. Ces dernières ont été mises en œuvre par un système LMADIS (Light Marine Air Defense Integrated System) déployé sur un véhicule léger MRZR du corps des Marines embarqué sur le pont de l’USS Boxer, une pratique qui se répand parmi les navires amphibies américains. Le système LMADIS est un système mobile embarqué sur des véhicules tout-terrain légers, articulé autour d’un radar et de caméras pour la détection et l’identification et d’un système de brouillage doublé de systèmes d’armes classiques (missile sol-air courte portée de type MANPADs, mitrailleuse) pour la neutralisation. Il est mis en œuvre par le corps des Marines dans le cadre d’un effort visant à renforcer les capacités sol-air courte portée des Marines. Cela vaut en particulier dans l’optique de la menace que fait peser de manière croissante le recours à des drones légers par les différents groupes terroristes et paramilitaires opérant au Moyen-Orient, mais également par des forces étatiques, tout spécialement dans le cadre d’essaims de drones visant à la saturation des défenses antiaériennes.
Cet incident semble donc attester de la crédibilité opérationnelle de ce nouveau système, et met en exergue, si le besoin en était, l’importance croissante des enjeux liés à la guerre électronique et à la lutte contre les systèmes autonomes.