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Mali – Barkhane : raid d’ampleur, 20 terroristes neutralisés, 3 soldats français blessés
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Mali – Barkhane : raid d’ampleur, 20 terroristes neutralisés, 3 soldats français blessés

 

Du 7 au 19 juin, la force Barkhane a mené une vaste opération – baptisée « Aconit » – dans la région du Liptako-Gourma, zone frontalière aux confins du Mali et du Niger. Le 13 juin au soir, elle a notamment lancé une action coup de main dans le sud du Liptako malien, près de la frontière avec le Niger.

 

« Aconit » a été planifiée par l’état-major français sur court préavis, à la demande du président nigérien Mahamadou Issoufou, en réaction aux attaques menées par l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) contre l’armée nigérienne à Baley Berri le 14 mai 2019. Conduite en coordination avec les forces armées maliennes (FAMA) et nigériennes (FAN), l’opération a mobilisé plus de 400 soldats français et d’importants moyens matériels interarmées, impliquant ainsi une grande partie des composantes de Barkhane. Une centaine de blindés dont des chars légers de combat AMX 10-RC, les groupes commandos parachutistes et montagnes (GCP, GCM), des moyens d’aérocombat (Tigre, Gazelle) et d’appui aérien et ISR (Mirage 2000, Reaper, Atlantique 2).

 

Barkhane a déployé le groupement tactique désert (GTD) « Edelweiss » à dominante blindée, aux ordres du colonel Nicolas de Chilly, chef de corps du 4e régiment de chasseurs. Edelweiss opère sur le fuseau ouest depuis les bases de Gao et Ménaka de la BSS. À leurs côtés, les FAMA et les FAN ont respectivement engagé l’équivalent du volume d’une section et d’une compagnie.

 

Le soir du 13 juin, les groupes commandos de Barkhane ont été héliportés dans une zone où le renseignement collecté laissait présager la présence de djihadistes appartenant à l’EIGS, particulièrement actif au Niger. Il s’agit de personnels issus des groupes commandos parachutistes (GCP) et montagne (GCM), et non pas d’opérateurs des forces spéciales du premier cercle ; lesquels relèvent non pas de Barkhane mais de la Task Force Sabre, sous l’autorité du Commandement des opérations spéciales (COS). Le COS n’a semble-t-il pas été directement impliqué dans l’opération Aconit.

 

Les commandos se sont déployés, appuyés par des hélicoptères d’attaque Tigre et Gazelle, ainsi qu’un drone Reaper, dans une zone boisée dans la région d’Azabar, afin d’engager le combat avec l’ennemi. L’engagement des terroristes par les commandos français s’est prolongé jusqu’au lendemain matin par une succession d’actions rapides dans la profondeur visant à créer un effet de sidération chez l’ennemi. La manœuvre a notamment comporté un raid blindé durant lequel les AMX-10 RC ont fait usage de leur canon de 105 mm. Pour détruire l’ennemi, des Mirage 2000 ont enfin effectué une séquence de frappes aériennes sur ses positions. Au bilan, plus de vingt terroristes ont été neutralisés et les fouilles de leur position a permis de mettre la main sur une vingtaine de motos, des moyens de communication et d’observation ainsi que de l’armement. Le matériel ainsi saisi a permis de confirmer le lien entre ce groupe terroriste et l’attaque contre les FAN du 14 mai. En particulier, des moyens optiques dérobés à cette occasion ont été retrouvés.

 

Au cours de l’action commando, aux premières heures du 14 juin, un hélicoptère Gazelle déployé en appui des troupes au sol, a été contraint à un atterrissage d’urgence (« un posé dur » dans le jargon militaire). Les trois membres d’équipage ont été blessés, mais leur état n’inspire pas d’inquiétude. Ils appartiennent au 3e régiment d’hélicoptères de combat basé à Etain. Selon Ouest-France, l’atterrissage a été provoqué par des tirs de petit calibre depuis le sol.

 

L’appareil quant à lui semble définitivement hors d’usage, irréparable. Pour rappel, après un demi-siècle de service actif dans l’armée de Terre, les Gazelle toujours en état de voler avoisinent les 40 ans d’âge ! À l’origine, la Gazelle est un appareil civil, optimisé ensuite pour la liaison et la reconnaissance, puis l’aérocombat. Principaux écueils de cet appareil, son manque de blindage et son armement de bord souvent jugé trop faible. La Gazelle est par ailleurs le seul hélicoptère français toujours dépourvu de système anticollision. Le nouvel hélicoptère interarmées léger (HIL) « Guépard » doit remplacer la Gazelle à partir de 2026. En 2013, le premier mort de l’opération Serval fut le lieutenant Damien Boiteux, pilote du 4e RHFS, mortellement blessé par balle aux commandes de son appareil. Touché à la cuisse, l’artère fémorale sectionnée, le garrot appliqué en catastrophe par ses camarades n’avait pu le sauver. C’est après ce funeste accrochage que l’ALAT s’était enfin décidée à acheter des treillis avec garrots intégrés dans les manches et les jambes de pantalon. Cette fois-ci, un nouveau drame a été évité par miracle.

 

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