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Venezuela : ouverture des négociations sous l’égide de la Norvège
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Venezuela : ouverture des négociations sous l’égide de la Norvège

 

Par Salomé Sifaoui

 

Le 17 mai dernier, la Norvège a confirmé qu’un dialogue à son initiative avait été engagé entre le régime et l’opposition. Aux yeux des Norvégiens, ce conflit, déchirant l’espace politique vénézuélien et plus largement l’économie et la société depuis maintenant quatre mois, nécessite un règlement diplomatique rapide, afin d’éviter tout emploi de la force si la confrontation devait s’enliser. Le ministère des Affaires Étrangères norvégien a affirmé dans un communiqué du 17 mai sa « volonté de continuer à soutenir la recherche d’une solution pacifique pour le pays ».

 

Pour comprendre l’initiative norvégienne, rappelons-nous que celui-ci est le pays hôte du Prix Nobel de la paix, promouvant depuis des décennies une culture de la médiation. Cette longue tradition de médiation s’illustre par les accords d’Oslo au sujet du conflit israélo-palestinien (1993), ou encore, cette fois-ci avec davantage de succès, par le processus de paix entre le gouvernement Colombien et les Farcs en 2016. A cet égard, les Norvégiens, contrairement à de nombreux Etats européens reconnaissant Juan Guaido, ont exprimé leur neutralité, appelant à la tenue de nouvelles élections libres et évoquant déjà être « prêt à contribuer si et quand les parties le souhaiteront » (Ministère des Affaires Étrangères).

 

Juan Guaido et Jorge Valero (représentant du Vénézuéla aux Nations-Unis) ont confirmé l’annonce, en précisant que des délégués avaient été envoyés en vue de la médiation norvégienne. Cependant l’opposant vénézuélien a nuancé l’annonce en indiquant qu’aucune négociation n’avait été amorcée, qu’il s’agissait là seulement d’un début de contacts entre les parties, corroborant ainsi les propos norvégiens. Ceux-ci déclarent avoir entamé « une phase exploratoire en vue de contribuer à trouver une solution à la situation du pays », ce que n’a pas confirmé Nicolas Maduro, sans pour autant l’infirmer. Ce dernier a préféré évoquer, par l’intermédiaire de son émissaire Jorge Rodriguez, préparer une mission de normalisation des rapports diplomatique avec les pays européens. D’après les déclarations de la radiotélévision publique norvégienne NRK, ces négociations, tenues à Oslo sans indication précise du lieu, auraient duré « plusieurs jours » au terme desquelles les délégations seraient rentrées à Caracas. Celles-ci comptaient du côté du régime : le ministre de la Communication Jorge Rodriguez et le gouverneur de la province de Miranda, Hector Rodriguez. L’opposition aurait été représentée par l’ancien député Gerardo Blyde, l’ex-ministre Fernando Martinez Mottola ainsi que le vice-président du Parlement, Stalin Gonzalez.

 

La rencontre a été réitérée cette semaine, d’après les médias norvégiens d’abord, confirmée ensuite par le gouvernement. Beaucoup d’acteurs vénézuéliens sont favorables à une négociation, à l’ouverture d’un dialogue dans la mesure où celui-ci aboutit à de nouvelles élections dans un climat apaisé. Cette deuxième rencontre a cependant fait l’objet de critiques de la part de l’opposition vénézuélienne, notamment par Julio Borges et Maria Corina Machado, deux opposants en exil, manifestant sa surprise pour l’un, sa réticence pour l’autre.

 

A cet égard, les soutiens de Maduro utilisent la médiation d’Oslo pour afficher leur unité face à une opposition qui connaît des fractures grandissantes. Dans ce sens, Nicolas Maduro appelle désormais aux négociations : « Le Venezuela doit régler ses problèmes et chercher des solutions par la voie de la politique, du dialogue, de la diplomatie et de la paix, a t-il expliqué  lors d’une marche militaire vendredi. J’ai proposé le dialogue plus de 600 fois et je continuerai à le faire. » Le dirigeant chaviste a compris le bénéfice que le pouvoir en place pouvait tirer de l’allongement de la confrontation politique sur fonds de détérioration grave des conditions économiques et sociales. La popularité de J.Guaido a ainsi diminué à mesure de la durée du conflit politique, par l’absence de réelle rupture, pourtant promise à ses partisans.

 

Ce lundi 20 mai, Nicolas Maduro a proposé d’organiser des élections législatives dans une « volonté de conciliation ». Cette perspective ne devrait pas convenir aux Vénézuéliens, puisque le Parlement est dominé par l’opposition réclamant depuis le début du conflit (mai 2018, réélection de Maduro) des élections présidentielles. S’ajoutent à ces provocations les nombreuses difficultés pour les parlementaires d’exercer leurs fonctions : non payés depuis 2015, l’accès au Parlement est souvent empêché, l’immunité parlementaire n’est plus garantie et la presse n’est plus autorisée à pénétrer dans l’Assemblée.

 

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