Par Naël Madi,
Recep Erdogan a de nouveau surpris par ses déclarations lors d’une rencontre avec la jeunesse turque dimanche 19 mai. Le président turc a annoncé que son pays produira, en coopération avec son allié russe, le système de défense anti-aérienne et antibalistique de très longue portée, le S-500. Le directeur de Rostec, S. Chemezov, avait ouvert la voie à cette coopération début mai. Cette déclaration de Recep Erdoğan représente un nouveau revers pour l’OTAN car le S-500 a été pensé comme l’arme de protection contre les avions de 5ème génération ; il est surnommé le « tueur de F-35 » par les Russes. Or les seuls pays détenteurs de ces avions sont, pour l’heure, les Etats-Unis, Israël et le Japon. A l’image de la Belgique, d’autres pays membres de l’OTAN disposeront de l’avion de combat furtif américain.
Aussi la question se pose de savoir contre qui la Turquie se défend-elle, et qu’elle peut encore être sa place au sein de l’OTAN après d’une telle rupture stratégique. La Russie, quant à elle, se félicite de cette coopération, multipliant depuis de nombreuses années les accords de coopération industrielle afin de partager les coûts et de fidéliser ses clients. Cependant, peu de ces projets de coopération sont allés jusqu’au bout à l’image du retrait de l’Inde du projet d’avion de combat furtif de 5ème génération, le Su-57. Le S-500, dont les premiers systèmes devraient être livrés à l’armée russe l’année prochaine, représenterait la version la plus sophistiquée de défense anti-missile avec une surface de protection de 480 kilomètres et plusieurs systèmes de détection radar. En cas de conflit, il serait capable d’engager 10 cibles simultanément. De plus, il serait équipé de nouveaux missiles capables d’atteindre une altitude de 180 kilomètres pouvant détruire les satellites en orbite basse.
Recep Erdogan a par ailleurs encore soufflé le chaud et le froid sur l’alliance atlantique, déclarant que l’achat des systèmes anti-aériens S-400 était « fait » mais aussi que « tôt ou tard nous [la Turquie] recevrons les F-35s ». Alors que les Etats-Unis ont annoncé ne plus vouloir honorer la livraison de son avion de combat furtif, la Turquie croit pouvoir passer outre. La pression est du côté des Etats-Unis qui, s’ils n’honoraient pas ce contrat, pourrait voir Ankara encore renforcer son alliance avec Moscou avec l’acquisition du Su-57E russe qui pourrait être livré en 2025. Moscou s’est déjà déclarée favorable à cette vente.