Ce lundi 15 avril, le secrétaire à la Défense du Royaume-Uni, Gavin Williamson, a annoncé le déploiement de cinq hélicoptères Apache en Estonie dans le but de « rassurer nos alliés et de dissuader nos adversaires d’attaquer », selon les mots du communiqué officiel. Les adversaires désignent ici très vraisemblablement la Fédération de Russie dont les déclarations et les manœuvres maritimes et aériennes en mer du Nord et aux frontières estoniennes et finlandaises suscitent de vives inquiétudes. Les Apache épauleront les Wildcat, d’autres appareils de reconnaissance déjà présents sur zone afin de participer à l’exercice annuel Spring Storm organisé par l’OTAN. Ils devront coopérer avec les régiments anglais déjà présents et avec les alliés afin d’accroître leur interopérabilité selon le lieutenant-colonel en charge de la mission.
Cet événement s’inscrit dans un contexte d’interrogations autour de la politique étrangère britannique, mise à mal par les négociations houleuses autour du Brexit, et n’est pas sans effet sur la stratégie de défense du Royaume-Uni, qui repose sur la dissuasion. Car au-delà de la politique étrangère, c’est aussi la crédibilité militaire de l’armée du royaume qui fut interrogée cette semaine. Le 10 avril, l’un des plus grands chantiers navals de Barrow-in-Furness dut fermer inopinément suite à une alerte interne déclenchée par le possible amorçage d’une bombe. Le Devonshire Dock Complex (DDC) est pourtant le lieu clé du renouvellement de la flotte sous-marine de la Royal Navy puisque pas moins de quatre nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de classe Astute y sont aujourd’hui en production. De même, la presse anglaise a relayé une déclaration du secrétaire à la Défense ce lundi 15 avril selon laquelle sept sous-mariniers du HMS Talent, de classe Trafalgar, mis à l’eau en 1988, se sont vu refuser l’embarquement à bord du SNA pour des raisons disciplinaires, et pour cause : ils avaient, selon les tests médicaux effectués avant de prendre la mer, consommé de la cocaïne. Le HMS Talent devait normalement quitter la Grande-Bretagne afin de participer à la traque de sous-marins russes en mer du Nord.
Ainsi, l’annonce du déploiement des hélicoptères Apache en Estonie tombe à point nommé pour l’état-major qui souhaite montrer à ses homologues européens que les forces armées britanniques restent un acteur majeur dans la géopolitique continentale. Rappelons tout de même que la Grande-Bretagne demeure l’une des deux premières armées d’Europe de l’Ouest et se trouve au cœur des opérations otaniennes dans l’espace balte, comme en témoigne la présence de près d’un millier d’hommes présents en Estonie, notamment sur la base de Tapa que nous citions la semaine dernière.