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Crise au Venezuela : quelques perspectives
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Depuis plusieurs mois, les médias internationaux évoquent les soubresauts presque quotidiens de la crise vénézuélienne. Le régime chaviste a été établi en 1999 par Hugo Chavez, tenant d’une idéologie socialiste s’inscrivant dans le cadre du bolivarisme révolutionnaire, notamment suite au Caracazo – série d’émeutes et manifestations contre le gouvernement Perez le 27 février 1989 s’étant soldée par plusieurs centaines de morts – qui inaugure une ère de forte instabilité politique durant laquelle deux tentatives de coup d’Etat ont lieu, dont l’un à l’initiative d’Hugo Chavez. Si l’on fête cette année symboliquement les 20 ans du régime de Chavez et de son successeur Nicolas Maduro, le Venezuela connait pourtant une crise dramatique.

 

En fin d’année dernière, Nicolas Maduro a été investi pour un second mandat de 6 ans. Ce prolongement de la présidence Maduro a accentué la crise sociale et politique alors même que Nicolas Maduro refuse de reconnaître la légitimité et les conséquences de la victoire de l’opposition aux élections législatives de 2015 et la tenue d’un référendum révocatoire à son encontre. A cette crise politique s’ajoute un volet économique, dû à l’effondrement des cours du pétrole qui représente quasiment la seule source de revenus du pays, déclenchant la chute du pouvoir d’achat et suscitant des pénuries alimentaires, dynamique renforcée par l’inflation galopante du fait de la politique de contrôle des changes et de surévaluation massive de la devise nationale. En conséquence, une forte mobilisation sociale déstabilise le pays depuis plusieurs années, avec un pic en 2017.

 

Dans ce contexte, Juan Guaido, président de l’Assemblée Nationale, s’est autoproclamé président par intérim et est aujourd’hui reconnu par 50 chancelleries étrangères en Amérique et en Europe. Il bénéficie du ralliement de quelques militaires, y compris des officiers, même si la grande majorité demeure fidèle au président Maduro – malgré la promesse d’amnistie faite par Guaido –, l’armée demeurant l’une des principales inconnues qui pourrait jouer un rôle majeur dans le dénouement possible de la crise. Il semble donc que la crise vénézuélienne soit arrivée à un point critique si l’on considère l’ensemble de la situation actuelle. Il est néanmoins difficile de définir aujourd’hui son évolution future, étant donné son caractère imprévisible.

 

A une échelle latino-américaine, la crise du régime bolivarien au Venezuela confirme le virage à droite du continent sud-américain déjà réalisé à travers l’ensemble des élections nationales en 2018. Des pays comme la Colombie, l’Equateur, le Brésil, le Chili, le Paraguay sont désormais gouvernés par la droite.  Pourtant, certains gouvernements latino-américains maintiennent leur appui envers Nicolas Maduro. Le Nicaragua de Daniel Ortega, ex sandiniste des années 1980, demeure ferme dans son alliance avec Caracas étant donné la proximité idéologique des deux Etats. Le gouvernement nicaraguayen est dominé par la figure de Daniel Ortega issu de la révolution sandiniste de 1979. Ainsi, il s’agit également dans ce cas précis d’un régime de type socialiste qui se durcit face à la montée des difficultés nationales et du mécontentement populaire. Il est fort probable que la direction gouvernementale considère les événements vénézuéliens comme un prélude à sa propre chute.

 

Du côté nord-américain, on anticipe également déjà une crise analogue au Venezuela dans cette région. Les conséquences seraient importantes pour l’Amérique Centrale, les Caraïbes, le Mexique et les Etats-Unis eux-mêmes – en particulier en termes de flux de réfugiés. A Cuba, la rhétorique révolutionnaire héritée de 1959 et des Frères Castro se poursuit sous Miguel Diaz Bernal mais le changement de cap semble proche. L’évolution du régime socialiste révolutionnaire cubain est à suivre pour les prochaines années : libéralisation économique, ouverture politique, développement national, changement d’alliances, relations avec les Etats-Unis. Enfin, le régime d’Evo Morales en Bolivie est un allié de Nicolas Maduro étant donné leur proximité idéologique fondée sur l’anti-impérialisme et un discours relativement populiste de gauche.

 

Le Nicaragua, Cuba, la Bolivie et le Venezuela sont les derniers membres de l’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA) association en faveur des mouvements révolutionnaires latino-américains.

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