Jeudi, un rapport de Human Rights Watch (HRW), groupe international de défense des droits de l’homme, a dénoncé la police congolaise, l’accusant d’avoir exécuté sommairement – étouffements, étranglements, mutilations – au moins 27 personnes au cours d’une opération anticriminelle à Kinshasa entre mai et septembre 2018.
Le rapport, fondé sur 80 entretiens effectués auprès de multiples témoins – familles de victimes, responsables de sécurité – souligne l’unanimité qui se dégage des témoignages, ces derniers confirmant les allégations portées par HRW.
La police nationale a nié ces accusations en bloc. Ainsi, le chef de la police de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo, accusé d’avoir été l’un des meneurs de l’opération intitulée Likofi – coup de poing -, s’est dédouané de toute responsabilité en affirmant que les faits dénoncés par HRW n’avaient jamais eu lieu.
Pourtant, le président Felix Tshisekedi, qui a pris ses fonctions en janvier, avait promis de mettre fin aux violations des droits de l’homme commises par les forces de sécurité de la RDC, violations qu’il avait condamnées à plusieurs reprises pendant le mandat de son prédécesseur Joseph Kabila. Le porte-parole de Tshisekedi, Vidiye Tshimanga, a d’ailleurs refusé de commenter le rapport. Mardi, le conseil de sécurité national avait déclaré que la violence de gangs était l’une des 7 priorités de l’administration Tshisekedi.
Selon le rapport, des policiers masqués auraient pris en embuscade un groupe d’homme non armés avant de les assassiner puis de déposer leurs corps près de leurs domiciles respectifs pour faire croire à de la criminalité urbaine. Au moins trois des victimes avaient leurs organes génitaux amputés. Sept autres personnes sont toujours portées disparues.
Alors même que mardi, le conseil de sécurité national avait déclaré que la violence de gangs était l’une des 7 priorités de l’administration Tshisekedi, cette dernière a encore frappé cette semaine. Thimothée Muissa Kiense, maire de la ville de Goma située à l’est du pays, a déclaré à l’AFP que 4 personnes avaient été tuées dans le quartier de Ndosho et 11 autres civils auraient été enlevés.
Les assaillants viendraient du parc national des Virunga, situé à la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda. Le lieu serait depuis plusieurs années déjà le fief de plusieurs groupes locaux armés et même de milices étrangères.