Par Justine Gadon-Ferreira
Pendant 27 ans, la Grèce a refusé que la Macédoine rejoigne l’OTAN. En cause ? Le nom du pays balkanique, qui avait proclamé son indépendance en 1991 après l’implosion de la Yougoslavie. Longtemps, la Grèce ne tolérait pas que le pays balkanique prenne le nom de sa province septentrionale. Athènes considérait que son voisin comptait s’arroger le glorieux héritage de Philippe II de Macédoine et surtout de son fils, Alexandre le Grand, deux figures majeures de l’Antiquité grecque. Ce différend a convaincu la Grèce de bloquer le processus d’adhésion de la Macédoine à l’Union européenne et à l’OTAN au cours de ces vingt dernières années.
Toutefois, en juin dernier, après de longues tergiversations sur le nouveau nom de la Macédoine (Macédoine du Vardar, Haute Macédoine etc.), le Premier ministre macédonien Zoran Zaev et son homologue grec Alexis Tsipras sont enfin parvenus à un accord. « Severna Makedonja » (Macédoine du Nord) est donc depuis l’année dernière le nouveau nom de l’État balkanique. Le Conseil de l’Union européenne a décidé, quelques jours après le changement de nom, de rouvrir les négociations d’adhésion. Puis, Jen Soltenberg, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, a invité Skopje à rejoindre l’OTAN « une fois que toutes les procédures nationales auront été terminées pour finaliser l’accord sur le nom ».
Dix jours après le Parlement de Skopje, le 25 janvier 2019, le Parlement grec a ratifié l’accord permettant à la Macédoine du Nord de devenir le trentième pays membre de l’Alliance atlantique. La cérémonie de processus d’adhésion a eu lieu dans les locaux de l’OTAN à Bruxelles le 6 février. Cette procédure durera environ un an, le temps que l’ensemble des États membres ratifient le protocole d’adhésion. Pour l’instant, la Macédoine n’aura pas le droit de participer aux délibérations de l’Alliance atlantique, mais elle pourra assister aux réunions en tant qu’observateur et pays invité. Par ailleurs, la Macédoine du Nord a déjà participé à des opérations militaires menées conjointement avec l’OTAN. Aussi a-t-elle pu, de 2002 à 2014, déployer ses troupes au sein de la Force internationale d’assistance à la sécurité de l’OTAN (FIAS) en Afghanistan, mais aussi dans le cadre de missions au Kosovo. Dernièrement, la ministre de la défense macédonienne, Radmila Sekrinska, en visite à Paris fin novembre dernier, a exprimé la volonté de Skopje de prendre part à de nouvelles missions sur le continent africain.
Depuis la création de l’Alliance atlantique au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (1949), les pays membres sont passés de 12 à 29. Le Monténégro est le dernier pays à avoir rejoint l’OTAN le 5 juin 2017, une adhésion qui avait notamment été à l’origine de tensions entre la Russie et la communauté otanienne.