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Tensions entre Donald Trump et la communauté du renseignement américaine sur l’évaluation des menaces
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Tensions entre Donald Trump et la communauté du renseignement américaine sur l’évaluation des menaces

Les résultats de l’évaluation annuelle des menaces mondiales par la communauté de renseignement américaine n’ont pas été bien accueillis par le président Trump, plus particulièrement en ce qui concerne la Corée du Nord, Daech et l’Iran. En effet, les agences de renseignement ont expliqué au Congrès que la Corée du Nord ne semblait pas avoir l’intention de démanteler son arsenal nucléaire, que Daech demeurait une menace tangible au Moyen Orient et que l’accord sur le nucléaire iranien, signé en 2015 sous l’administration Obama et dénoncé par Donald Trump il y a quelques mois, fonctionnait.

 

 

En réaction, le Président américain s’est exprimé sur Twitter, affirmant que les relations entre la Corée du Nord et les Etats-Unis n’avaient jamais été aussi bonnes, comme en témoignent la mise en pause des tests nucléaires et balistiques nord-coréens, le retour (désormais bloqué) des dépouilles des soldats américains de la guerre de Corée et la libération d’Américains détenus par le régime de Pyongyang. Donald Trump a ajouté que la dénucléarisation était possible (« Decent chance of denuclearization »).

 

 

Néanmoins, la vision de la communauté de renseignement est moins optimiste, comme l’a expliqué Dan Coats, directeur du renseignement national (DNI) devant le Senate Intelligence Committee. Il a notamment avancé que Kim Jong-Un chercherait à conserver ses armes nucléaires ainsi que ses capacités de production car elles sont nécessaires à la survie de son régime. Le soutien qu’il a affiché à la dénucléarisation de la péninsule coréenne serait en réalité, conditionné à la fin de la présence américaine en Corée du Sud ainsi qu’à la fin de la participation américaine à des exercices où sont présentes des armes nucléaires, évolution pour l’instant inenvisageable, même si Donald Trump avait un temps envisagé une réduction du dispositif militaire américain en Corée du Sud.

 

 

Par ailleurs, le rapport du DNI insiste sur le fait que Daech demeure toujours en Irak une réelle menace, à la fois terroriste et insurrectionnelle. A contrario, sur Twitter, Donald Trump continue d’affirmer que Daech sera bientôt détruit, ce qui constitue selon lui une raison valable et suffisante pour retirer les forces actuellement déployées en Syrie. Or, selon Gina Haspel, directrice de la CIA, il reste des milliers de combattants de Daech en Irak et Syrie.

 

 

Dan Coats a également réaffirmé que l’Iran représentait une menace sur le long terme. Il a pointé du doigt son soutien aux rebelles Houthis au Yémen, aux minorités chiites irakiennes ainsi que ses efforts pour consolider son influence en Syrie et armer le Hezbollah. Pour Donald Trump, l’Iran est moins fauteur de troubles depuis qu’il a retiré les États-Unis de l’accord de Vienne mais il reconnaît que la République islamique demeure « une source potentielle de danger et de conflit » et affirme que la communauté de renseignement reste passive et naïve devant la dangerosité de l’Iran. Il avait quitté l’accord sur le nucléaire iranien car pour lui, ce « mauvais accord » n’empêcherait pas l’Iran de posséder l’arme nucléaire. Les agences de renseignement reconnaissent bien que l’Iran cherche à échapper aux termes de l’accord mais qu’il continue à travailler, du moins pour l’instant, pour rester conforme à l’accord ce qui réduit considérablement la menace nucléaire posée par l’Iran.

 

 

Si le président n’a pas apprécié la teneur du rapport des agences de renseignement, de nombreux membres du Congrès ont exprimé leur soutien à ces agences et ont renouvelé leur confiance en elles tout en critiquant le rejet de ces avertissements par la Maison Blanche.

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