Par Clémence Cassé
Les États-Unis et les Talibans se rapprocheraient de la conclusion d’un accord pour mettre fin au conflit qui dure depuis 2001. Les dernières négociations, tenues à Doha au Qatar jusqu’à samedi 26 janvier, ont duré 6 jours, soit plus longtemps que toutes les précédentes tentatives de négociation et le progrès fait au cours de celles-ci a été annoncé par les deux parties, ce qui est assez rare.
Ainsi, Zalmay Khalilzad, l’envoyé américain, a déclaré sur Twitter que ces discussions avaient été « plus productives que par le passé » et qu’il espérait qu’elles reprendraient bientôt. Ce dernier doit se rendre à Kaboul pour discuter avec le gouvernement afghan car, pour parvenir à un accord, Américains et Talibans doivent s’entendre sur la création d’un dialogue inter-afghan ainsi qu’un cessez-le-feu entre le gouvernement et le groupe rebelle. Il semblerait que ces deux points représentent les principaux obstacles à la conclusion d’un accord.
Ce dernier pourrait contenir un cessez-le-feu de la part des Talibans en échange du retrait par phases des forces américaines ainsi qu’une promesse par les autorités talibanes de ne pas permettre à des groupes terroristes d’utiliser l’Afghanistan comme plateforme pour des attaques contre les États-Unis, en particulier Daech et Al-Qaida. Après cet accord, les Afghans et les Talibans devront négocier la paix en termes de partage du pouvoir au sein du gouvernement et autour de questions sensibles comme le droit des femmes.
Les deux parties prennent ces négociations au sérieux, comme le montre le dialogue des Américains avec des acteurs régionaux tels que le Pakistan, la Russie ou encore la Chine dans une démarche de coopération. Les Talibans, quant à eux, ont laissé de côté leur rhétorique habituelle et semblent sérieusement engagés dans la voie d’une solution politique. C’est notamment l’un des leaders les plus puissants, Mullah Abdul Ghani Baradar qui conduit les négociations avec les Américains. Pour les experts et les acteurs des négociations, l’Afghanistan n’a jamais été aussi près de la paix ces dernières années.
Cependant, certains pensent que ces négociations servent essentiellement pour Washington à sauver la face : en effet, Donald Trump a annoncé le retrait des troupes américaines en Afghanistan en décembre, avant que ces discussions ne commencent. Après un accord entre ces deux parties et le retrait des troupes américaines, qui garantirait alors la mise en place de l’accord, du cessez-le-feu puis de la paix ? Pour les Américains, le sentiment dominant et qu’il est de toute façon temps, après 17 ans de guerre, de laisser ce problème dans les mains des Afghans.