Par Xavier Marié
Le sénateur républicain de Caroline du Sud Lindsey Graham a annoncé, à l’issue d’un déjeuner avec le président Trump, que ce dernier avait consenti à ordonner un ralentissement du retrait américain de Syrie, précisant que le Président s’était montré très sensible au péril encouru par les alliés kurdes. Selon lui, l’administration américaine se trouverait donc dans une « situation de pause » visant à la fois à « réévaluer la meilleure manière de remplir l’objectif présidentiel d’accroître la contribution financière et opérationnelle [d’autres Etats] » ainsi que « de jauger les effets des conditions sur le terrain ». Dans un tweet, le sénateur Graham a précisé les trois objectifs avec lesquels le retrait devra être compatible selon le président Trump : la destruction irréversible de Daech, la prévention des ambitions iraniennes et enfin la protection des alliés kurdes.
De fait, Donald Trump a confirmé sa volonté de mettre un terme à l’engagement militaire américain en Syrie dans un futur proche, ce qui ne signifie pas pour autant un retrait intégral du jour au lendemain, mais un retrait progressif. Le Président américain a déclaré ne pas avoir de calendrier précis pour le retrait mais a insisté sur le fait qu’il considère l’intervention américaine comme un gâchis humain et financier, estimant enfin que la menace posée par Daech avait été neutralisée, notamment du fait de sa politique de levée des restrictions d’engagement pour les commandants sur le terrain.
Ces déclarations permettent donc de tempérer l’hypothèse d’un retrait brutal dont les effets auraient été très dommageables à l’équilibre géopolitique régional hautement instable et porteur de nombreux risques et incertitudes. Pour autant, à la fois les modalités opérationnelles et l’organisation temporelle de ce retrait progressif demeurent dans un flou quasi absolu. Le Pentagone est actuellement en train d’élaborer un plan à cette fin, qui sera ensuite soumis à l’approbation du président Trump. Parmi les recommandations transmises à la presse figure l’autorisation des forces kurdes à conserver l’armement livré par les Etats-Unis après le retrait de ces derniers. Cette autorisation porterait en particulier sur l’armement lourd (missiles antichar, véhicules blindés, mortiers), contribuant ainsi à réduire la vulnérabilité des Kurdes en cas d’offensive de la Turquie, au grand dam de cette dernière. Il ne s’agit néanmoins que d’une possibilité, rien de définitif n’ayant été déterminé quant au sort réservé aux armes livrées aux FDS, dont le Pentagone tient la liste, même s’il reconnaît la difficulté qu’il y aurait à les localiser pour les récupérer. A noter enfin que le Conseiller à la sécurité nationale John Bolton devrait se rendre en Israël et en Turquie le weekend prochain pour traiter d’enjeux afférents au dossier syrien.