Cette semaine, les délégations des Etats concernés par la problématique du Sahara Occidental étaient présentes à Genève, au palais de nations. Après six années de suspension de négociations, Horst Köhler, en charge du dossier depuis un an a souhaité réunir les principaux protagonistes dans le cadre onusien. Si le but affiché était la relance des discussions pour permettre à terme l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental, il semble que les réunions se soient plutôt centrées sur la problématique économique et sur la valeur du dialogue en tant que tel.
En effet, l’ensemble des acteurs invités étaient présents, avec les ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, du Maroc, de la Mauritanie, ainsi que le président du parlement sahraoui. Dès mercredi, Köhler a rencontré les délégations de manière individuelle, puis a organisé des entretiens bilatéraux afin de préparer les discussions du lendemain. Il a notamment cherché à juguler les tensions qui opposent l’Algérie au Maroc depuis quelques semaines, alors qu’Alger a refusé la main tendue de Rabat qui proposait de construire les conditions d’un dialogue stable entre les deux nations voisines, encore opposées sur le soutien à l’égard du Front Polisario.
Le premier jour, les réunions se sont déroulées à huis clos, pour délier les langues et éviter les crispations habituelles. Malgré plusieurs écueils protocolaires, cette décision semble avoir porté ses fruits, puisque le chef de la diplomatie de Mohamed VI ainsi qu’Abdelkader Messahel, ministre algérien des affaires étrangères se sont accordés sur la “bonne atmosphère” des échanges. Vendredi, la problématique de l’intégration régionale a été abordé sous l’angle exclusivement économique. Köhler semble vouloir convaincre les belligérants de la nécessaire pacification des rapports afin de favoriser le commerce et l’exploitation des ressources, ce qui, selon RFI, permettrait de faire gagner deux à trois points de PIB pour chaque pays concerné. Or, le Front Polisario dénonce le pillage à l’œuvre derrière les tractations qui s’appuient sur la nécessité du développement : certes, l’ouverture des frontières permettrait de redynamiser la région, à l’image de l’Est Marocain en proie aux conflits sociaux (comme le démontrent les manifestations des mineurs de Jerada), mais elle signe également la légitimation de l’exploitation du phosphate au cœur du Sahara Occidental, qui érige le Maroc au rang de second producteur au monde.
Pour les représentants de la république arabe sahraouie démocratique, il est nécessaire de mettre en place un processus référendaire, contre la volonté du Maroc favorable à une autonomie progressive placée sous sa souveraineté. En orientant les discussions sur le paradigme économique et humanitaire (notamment en ce qui concerne les conditions de vie des camps situés à proximité de la ville algérienne de Tindouf), Horst Köhler a délaissé le problème du statut du Sahara Occidental, véritable point noir de ce dossier. Ce faisant, il s’est félicité de la reprise des négociations, qui reflète selon lui la réussite annoncée de cette table ronde exceptionnelle. L’ensemble des parties ont signé le communiqué final, qui stipule l’importance de la coopération et de l’intégration régionale, tout en s’engageant à participer à la prochaine réunion prévue d’ici la fin du premier semestre 2019.