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Traité FNI : Moscou répond à l’ultimatum américain
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Par Justine Gadon-Ferreira

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a adressé mardi 4 décembre un ultimatum à la Russie en l’accusant de ne pas respecter le traité sur les forces nucléaires de portée intermédiaire (FNI). Signé en 1987 par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, ce traité interdit à la Russie et aux Etats-Unis de produire, de tester et de déployer des missiles balistiques et de croisière sol-sol ayant une portée comprise entre 500 et 5 500 kilomètres, ce qui constituerait une menace pour les Européens. On considère donc ce traité comme fondamental pour la sécurité de l’Europe occidentale.

 

Les Etats-Unis accusent la Russie de violer le traité FNI en produisant un nouveau système de missile, le Novator 9M729, capable d’atteindre les villes européennes et de porter une charge nucléaire. Les Etats-Unis laissent deux mois à la Russie pour se conformer à ses obligations avant de se retirer du traité FNI. Les 29 pays membres de l’OTAN ont soutenu l’accusation américaine et ont appelé la Russie “à revenir sans délai à un respect total et vérifiable” de ses obligations. Selon Jean-Yves le Drian, ministre des affaires étrangères français, l’OTAN doit préparer “l’adaptation de sa stratégie” en cas de retrait américain du traité. En écho avec les inquiétudes allemandes, M. Le Drian estime nécessaire une réflexion sur l’avenir de la stabilité stratégique en Europe, et notamment sur l’avenir des accords de maîtrise des armements américano-russes » en se référant au traité “New Start” (sur la réduction du nombre d’armes stratégiques) qui pourrait être prolongé après 2021.

 

Pourquoi lancer un ultimatum maintenant ? Les services de renseignement américains accusent en effet la Russie de violer ses obligations relatives au traité FNI depuis les années 2000 et de développer le Novator 9M729 depuis environ quatre ans. Le retrait des Etats-Unis du traité FNI serait aussi motivé par l’intensification des activités militaires chinoises en mer de Chine. La Chine est en effet non-signataire du traité FNI et peut développer des missiles nucléaires de portée intermédiaire de manière illimitée. En renonçant à ses obligations, Washington se positionnerait ainsi à l’égal de Pékin, considéré aujourd’hui comme sa principale menace stratégique.

 

Par ailleurs, Moscou a démenti fermement les accusations de Washington, même si les médias russes tels que Sputnik News laissent volontiers planer le doute autour des caractéristiques du “mystérieux missile russe Novator 9M729 que Washington veut faire interdire”. En effet, la Russie semble vouloir semer la zizanie au sein de l’OTAN et déstabiliser le soutien, quoique frileux, des Européens aux allégations américaines sur la question du traité FNI. La crainte de l’Europe serait de se retrouver en quelque sorte au milieu du champ de tir en cas d’escalade militaire.

 

Le Président russe Vladimir Poutine, cité par le média RIA Novosti, a réagi peu de temps après le lancement de l’ultimatum américain : “Le principal argument, c’est que nous violons quelque chose. Pourtant, comme d’habitude, aucune preuve n’est fournie”. Il a par ailleurs avancé que les Etats-Unis avaient décidé de se retirer du traité bien avant ces déclarations publiques, puisque le Congrès américain aurait alloué des fonds de production de missiles prohibés par le traité. Evidemment, Vladimir Poutine s’est empressé d’ajouter que “Si les Américains estiment qu’ils doivent se procurer ces armes, alors la Russie fera de même”.

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